Réaliser son schéma de tableau électrique triphasé soi-même : analyse, erreurs fréquentes et conseils

Refaire son installation électrique est un défi de taille, surtout lorsqu’on choisit de rester en triphasé. Dans cette publication, un particulier partage le fruit de plusieurs mois de recherches : un schéma complet et manuscrit de son futur tableau électrique triphasé en 30A par phase. Un excellent point de départ pour débattre, apprendre, et corriger les éventuelles erreurs ou oublis.

Alors, que penser de ce schéma ? Est-il conforme aux normes ? Quels ajustements seraient judicieux avant d’attaquer le chantier ? Décryptage.

Contexte de la demande

Bonjour à tous,
Il y a quelques mois j’ai décidé de refaire moi même l’électricité de notre maison. Après des mois et des mois de recherches je viens de terminer le schéma de mon tableau (je n’ai pas représenté la terre).
Il ne me reste plus qu’à voir comment installer provisoirement ma vieille chaudière fioul vu qu’elle va être changée sous peu (je reviendrai peut être d’ailleurs prendre vos conseils 😉)
Avant de me lancer j’aimerais vos avis, des erreurs à modifier ? Des choses à ajouter? A savoir que notre disjoncteur d’abonné est en triphasé 30A par phase et que nous souhaitons garder le triphasé pour certains appareils de mon mari.
Merci à tous pour vos avis CONSTRUCTIFS.
Et bonne journée

Résumé express

Ce schéma triphasé proposé par un particulier est une excellente base. Il respecte les grands principes de répartition, de protection et d’évolutivité. Des ajustements s’imposent pour équilibrer les phases, affiner les protections différentielles, et anticiper l’évolution. Le triphasé demande rigueur et cohérence : une bonne préparation évite bien des erreurs sur chantier.

Retrouvez notre article sur la différence entre monophasé et triphasé en cliquant ici. 

Voici dans un premier temps nos retours, puis dans un deuxième temps, on analysera les commentaires reçus sous cette publication Facebook, avant de distinguer le VRAI du FAUX. 

Un contexte clair : triphasé conservé pour appareils spécifiques

L’utilisateur précise vouloir garder le triphasé pour certains équipements (probablement machines-outils ou appareils professionnels). C’est un choix tout à fait cohérent dans certains cas, mais qui impose une rigoureuse répartition des phases et une bonne compréhension des charges.

Les points positifs du schéma

✅ Répartition des ID 63A Type A et AC : Bien différenciée, avec un ID pour chaque groupe de disjoncteurs.

✅ Puissances bien réparties : Lave-linge, congélateur, prises, lumière, etc., sont distribués sur les 3 phases.

✅ Ajout d’un disjoncteur tétra 63A pour une prise 380V : Bonne anticipation d’un usage triphasé pur.

Ce qu’il faut corriger ou ajuster

Absence de la terre sur le schéma

Même si elle est volontairement omise ici, la terre est obligatoire sur toutes les lignes. Il faut bien penser à son acheminement, ses connexions, et au respect de la norme NFC 15-100 (résistance < 100 ohms recommandée).

Protection différentielle non équilibrée en nombre de circuits

Certains interrupteurs différentiels protègent plus de circuits que d’autres, ce qui pourrait poser problème en cas de déséquilibre ou de déclenchements intempestifs. L’idéal est de répartir équitablement le nombre de circuits et les puissances.

Disjoncteurs de 20A pour le four et la plaque ?

À vérifier selon les puissances réelles. Un four peut nécessiter 16A, une plaque 32A selon les modèles. Bien consulter les notices.

GTL et étiquetage non représentés

Le schéma est utile, mais il manque des éléments indispensables pour la mise en conformité finale : emplacement des modules, hauteur de pose, accessibilité…

Tableau résumé des sections et protections recommandées

Comment vérifier l’équilibrage des phases

Pour éviter les déclenchements intempestifs du disjoncteur principal, il est crucial d’équilibrer les charges sur les trois phases. Voici quelques méthodes simples :

• Utilisez une pince ampèremétrique sur chaque phase pour mesurer l’intensité en fonctionnement normal (chauffe-eau, lave-linge, four allumés).
• Surveillez la consommation avec un module connecté triphasé (type Shelly 3EM ou suivi Linky triphasé).
• Évitez de mettre tous les gros consommateurs sur la même phase.
• Faites une simulation Excel de répartition des puissances en watts ou en ampères par phase.

L’objectif : un écart de puissance de moins de 10 % entre les phases si possible.

Conseils pratiques avant d’installer

• Bien équilibrer les phases : Chaque phase doit porter une charge globale proche des autres (évite les coupures intempestives).
• Tester en conditions réelles avant fermeture du tableau : Pour vérifier que tout fonctionne sans disjoncter.
• Penser à l’évolution : Garder des emplacements libres pour de futurs circuits (ex : pompe à chaleur, IRVE, domotique).

Erreurs fréquentes à éviter

1. Oublier la terre sur certaines lignes
2. Câbler un circuit lumière en 2,5 mm² protégé par 20A (non conforme)
3. Utiliser un différentiel type AC sur une plaque à induction ou un lave-linge
4. Oublier de prévoir un disjoncteur 2A dédié pour la VMC
5. Mettre les prises et les lumières d’une même pièce sur un seul différentiel
6. Ne pas prévoir de modules libres pour les évolutions futures (domotique, IRVE, pompe à chaleur, etc.)

Maintenant, passons à l’analyse des commentaire. 

Analyse des commentaires : vrai, faux, et pourquoi ?  

« La lumière en 10A et non en 16A. »
🟡 VRAI mais à nuancer légèrement
La norme NFC 15-100 impose un disjoncteur de 10A pour un circuit d’éclairage en 1,5 mm². Un disjoncteur 16A peut être utilisé si la section est de 2,5 mm², mais ce n’est pas recommandé pour l’éclairage domestique courant, ni par le Consuel.

 

« La prise congélateur en 20A. »
✅ VRAI
Un congélateur est un appareil à usage permanent, sur un circuit dédié en 2,5 mm² protégé par un disjoncteur 20A (maximum), donc c’est conforme.

 

« Les prises cuisines et séjour, si ce n’est pas des prises spécialisées, mettez les en 16A et non 20A. »
✅ VRAI
Si le câblage est en 1,5 mm², le disjoncteur doit être un 16A. Un 20A n’est admissible que si le câble est en 2,5 mm².

« Mettez des ID en 40A, vu le nombre, un 63A me parait exagéré. »
❌ FAUX
Même si la somme des courants en aval reste souvent inférieure à 40A, les ID 63A permettent une marge pour l’avenir. Leur prix est souvent similaire à celui des 40A. Ce n’est pas une erreur.

 

« 1,5mm² = 16A max et 2,5mm² = 20A max, c’est ce qu’il faut retenir d’abord car on protège avant tout le bâti. »
✅ VRAI
C’est un fondement de l’installation : la protection des conducteurs est prioritaire sur les équipements raccordés.

 

« Les prises cuisine doivent être en 2,5 mm², 6 prises max, sur un 20A. »
✅ VRAI
Norme NFC 15-100 : un circuit prises cuisine en 2,5 mm² peut alimenter jusqu’à 6 socles via un disjoncteur 20A max.

 

« Équilibre des phases impeccable. Ne changez rien. »
✅ VRAI (dans le cas visible sur le schéma)
L’équilibre semble effectivement bien pensé, ce qui est fondamental en triphasé pour éviter le déclenchement rapide du disjoncteur de branchement.

 

« Les plaques à induction doivent être sous un disjoncteur 32A type A, c’est obligatoire. »
✅ VRAI
Même si aucune plaque n’est encore prévue, un circuit 32A en 6 mm² est recommandé pour anticiper un futur aménagement. Il doit être protégé par un différentiel type A.

 

« Le lave-linge doit être protégé par un différentiel type A, pas besoin pour le four ou le lave-vaisselle. »
✅ VRAI
Seuls les circuits susceptibles de générer du courant de fuite continu (plaques, VE, lave-linge) doivent être sur type A. Le four et le lave-vaisselle peuvent rester sur type AC.

 

« Passer du 5G2.5 mm² en attente sur un 20A pour une éventuelle plaque à induction. »
✅ VRAI
Bonne idée d’anticiper une plaque bi-phase dans le cas d’un tableau triphasé. Le 5G2.5 mm² permet de prévoir une installation souple et future.

 

« La VMC doit être protégée par un disjoncteur 2A dédié. »
✅ VRAI
C’est une obligation : la VMC doit avoir son propre circuit de 2A en 1,5 mm².

 

« Les inter différentiels type A uniquement dans le tableau. »
❌ FAUX
Seuls les circuits spécifiques exigent un type A. La norme n’exige pas 100% de type A dans le tableau.

 

« Four = 20A si sortie câble, 16A si prise. »
✅ VRAI
Les constructeurs spécifient souvent 20A sur une sortie de câble. Une prise standard étant limitée à 16A, il ne faut pas dépasser ce seuil sans sortie fixe. La protection doit être dimensionnée en fonction de la puissance du four. Si l’appareil dépasse 3 680 W (soit 16A), il doit être raccordé en sortie de câble avec un disjoncteur adapté (souvent 20A). Une prise standard est limitée à 16A.

 

« Le sèche-linge ou le lave-linge = 20A, sinon refus du Consuel. »
❌ FAUX
Non, 16A suffisent, surtout si les appareils sont sur prise. Le Consuel n’exige pas systématiquement 20A, à moins que le fabricant de l’appareil ne l’impose.

 

« 16A pour lave-linge, sèche-linge etc., les prises murales sont prévues pour 16A. »
✅ VRAI
Exact, l’intensité nominale d’une prise classique est de 16A. Pas besoin de surdimensionner le disjoncteur.

 

« Évitez de mettre les prises et les lumières d’une même pièce sur le même ID. »
✅ VRAI
Bonne pratique. En cas de déclenchement du différentiel, on conserve un minimum de lumière dans chaque pièce.

 

« Plaque à induction en tri : 3x16A + neutre au lieu d’un 32A. »
✅ VRAI
Certaines plaques sont prévues pour un raccordement triphasé avec 3 conducteurs de phase et un neutre, chacun protégé par 16A. Cela permet une meilleure répartition des charges. Vérifiez toujours la compatibilité du modèle avec ce type de raccordement.

 

« Prévoir une prise sur le tableau ou un bloc secours à proximité. »
✅ VRAI
Très utile pour maintenance ou dépannage.

 

« On ne coupe jamais le neutre seul, sinon surtension jusqu’à 400V. »
✅ VRAI
Couper le neutre seul en triphasé sans couper les phases peut provoquer une surtension sur les appareils. Il faut toujours couper le neutre avec les phases.

 

« Un coupe-circuit triphasé est obligatoire. »
❌ FAUX (en France)
Pas obligatoire. En France, le disjoncteur général remplit ce rôle. Un sectionneur peut être ajouté, mais ce n’est pas requis par la norme NFC 15-100.

 

« Le triphasé n’est pas plus cher que le mono à puissance équivalente. »
✅ VRAI
À puissance souscrite égale, le tarif est le même. Ce qui change : le coût d’installation si vous demandez à repasser en mono.

 

« Toutes les lumières doivent être sur du 10A. »
❌ FAUX (trop catégorique)
La norme permet du 16A pour l’éclairage, à condition que les conducteurs soient en 1,5 mm² et que le nombre de points soit élevé. 10A reste cependant préférable pour plus de sécurité.

 

« Faites le schéma avec Hager Ready. »
✅ VRAI (en tout cas Bonne idée)
Application gratuite très utile pour valider un tableau, générer un schéma propre et éviter les erreurs.

 

« Installation triphasée : ce n’est pas du tout comme ça qu’on fait. »
❌ FAUX

Le commentaire est trop vague pour être exploité. Il n’existe pas une seule bonne manière de concevoir un tableau triphasé domestique, tant que la norme est respectée. Si des objections existent, elles doivent être précises et argumentées.

Conclusion

Ce schéma est une excellente base de réflexion, mais quelques ajustements s’imposent pour garantir la sécurité, la conformité et l’évolutivité de l’installation. En gardant le triphasé, on sort du cadre “standard” domestique et on entre dans une logique semi-professionnelle, où chaque disjoncteur, chaque phase et chaque prise compte.

Avant de tout brancher, on recommande un contrôle croisé avec un électricien, un simulateur de charges, et bien sûr : un passage Consuel pour valider l’installation finale.

FAQ

Peut-on garder le triphasé en maison individuelle ?

→ Oui, surtout si certains appareils le nécessitent. Mais cela complexifie la gestion et les protections.

Comment répartir les circuits en triphasé ?

→ Il faut équilibrer la puissance appelée sur chaque phase. L’usage d’un tableau Excel ou d’un logiciel comme Legrand XL Pro est recommandé.

Un particulier peut-il faire l’électricité lui-même ?

→ Oui, mais le Consuel est obligatoire pour toute création ou rénovation d’installation. Le schéma unifilaire et le schéma de position sont requis.

Que signifie un disjoncteur tétra ?

→ C’est un disjoncteur qui protège une ligne triphasée + neutre. Indispensable pour une prise 400V ou un moteur triphasé.

Glossaire

• Triphasé : Réseau électrique comportant trois phases, utilisé pour les puissances élevées.
• ID (Interrupteur différentiel) : Protège les personnes contre les courants de fuite à la terre (>30mA).
• Type A / AC : Type A détecte les courants continus (idéal pour lave-linge, plaques, IRVE). Type AC détecte les fuites classiques.
• Disjoncteur divisionnaire : Protège un circuit spécifique contre les surintensités.
• Tétra : 4 pôles (3 phases + neutre), utilisé pour les appareils triphasés.
• NFC 15-100 : Norme de référence pour les installations électriques domestiques.
• GTL : Gaine Technique Logement, où sont regroupés les tableaux et équipements de communication.