Professionnels de la construction en devenir, les apprentis
J’ai eu un parcours atypique (mais de plus en plus fréquent) qui m’a mené à exercer le métier d’électricien professionnel aujourd’hui. Mais avec le recul je m’aperçois que c’est loin d’être la voie royale.
Cette voie, c’est celle de l’apprentissage qui forme les professionnels de la construction en devenir, celle qui permet d’aller vers le métier dés le plus jeune âge.
Je ne l’ai pas vécu en tant qu’apprenti car je me suis ré-orienté bien plus tard.
Alors j’ai décidé d’en parlé avec ma vision d’entrepreneur et de tuteur. Mais avant de vous en parler, voici ce que représente véritablement l’apprentissage au sein d’une entreprise.
L’apprentissage en entreprise, l’implication de tous:
Devenir apprenti, ce n’est pas une aventure qui se vit seul. Cela demande une implication de plusieurs personnes à des niveaux différents.
Les engagements de l’apprenti:
Un apprenti va, dés le début, mettre un pied dans le monde du travail.
En effet, il devient salarié de l’entreprise qui le forme, avec qui il signe un contrat de travail et prend de ce fait des engagements.
Côté formation, elle s’alterne avec des périodes sur chantier et des périodes scolaires au centre de formation.
A noter que l’apprentissage n’est pas destiné à tout le monde puisque il y a un âge à partir duquel on peut être apprenti, et un autre au delà duquel on ne peut plus. L’apprentissage est ouvert aux personnes de 16 à 29 ans (avec des dérogations dés 14 ans et au delà de 29 dans des cas spécifiques).
Du point de vue du chef d’entreprise:
Pour le chef d’entreprise, c’est un autre point de vue.
Effectivement, il embauche un nouveau salarié sans expérience, avec des périodes qui alternent en formation et en entreprise.
L’apprentissage pour le chef d’entreprise, c’est donc une organisation à mettre en place et de l’administratif à gérer.
Et l’objectif est à long terme pour un chef d’entreprise qui décide de prendre un apprenti. C’est de pouvoir former un salarié compétent et autonome, qui s’est totalement intégré à l’entreprise.
Du point de vue du tuteur:
L’apprentissage est aussi vécu par une autre personne: celle du tuteur de l’apprenti.
Celui ci prend sous son aile un débutant qui a tout à apprendre du métier. C’est une responsabilité puisque le tuteur devra transmettre son savoir à l’apprenti et l’accompagner dans ses premiers pas de salarié.
L’apprentissage, zoom sur l’électricité:
Je vous propose maintenant de restreindre la vision à celle de l’apprentissage dans le secteur de l’électricité.
Si je n’ai pas été apprenti, j’ai été formateur en centre de formation professionnel pendant quelque temps.
J’ai remplacé le formateur qui m’avait accompagné pendant ma reconversion professionnelle (qui ne s’est pas faite pas en apprentissage mais pour une formation d’un an pour obtenir le CAP en candidat libre).
J’ai aussi accompagné des apprentis sur chantier en tant qu’électricien (lors de travaux de sous traitance ou je travaillais avec des apprentis de la société qui me faisait travailler).
J’ai donc un peu de vécu sur l’apprentissage en électricité du point de vue formateur en centre de formation et sur chantier en tuteur.
La formation d’apprenti en centre de formation:
L’apprentissage en centre de formation se déroule de deux manières.
Les cours théoriques:
Ces cours sont dispensés comme ce qui se fait traditionnellement en cursus scolaire.
Le recul que j’ai au niveau de l’enseignement (surtout en tant qu’élève) me fait dire que la partie théorique, assis sur un chaise écoutant un formateur, n’est vraiment pas la meilleure méthode. Elle est d’ailleurs issue des années ou on souhaitait former des opérateurs à la chaine. Elle n’a pu lieu d’être aujourd’hui et doit être complètement revue et révolutionnée.
Effectivement, même un bon formateur ne saura tenir une classe d’élève plus de deux heures.
Les travaux pratiques – cours en atelier:
Ces derniers se déroulent sur une platine qui permet de réaliser des montages et schémas ou encore dans des box qui reproduisent en partie les conditions sur un chantier résidentiel neuf.
Cette solution, même si elle mérite d’être améliorée, est plutôt intéressante.
C’est effectivement compliqué de reproduire toutes les possibilités qui existent sur chantier et de faire travailler les élèves sur un chantier complet. Le travail en autonomie sur platine doit être quant à lui dynamisé mais reste une bonne solution pour apprendre les montages et branchements de base.
L’accompagnement sur le terrain en tant qu’électricien:
Accompagner un apprenti sur chantier est un privilège.
Effectivement, c’est l’occasion de transmettre le savoir, une valeur qui pour moi est fondamentale dans le monde du travail.
C’est aussi un challenge de tous les jours. Il faut arriver à intéresser et motiver les entrants dans le monde du travail en les intégrant le plus possible dans la vie de l’entreprise et dans leur métier.
Certains diront que les jeunes apprentis ne sont pas forcément motivés. Je pense qu’il faut plutôt retourner l’information. Les tuteurs ne sont peut être pas motivants?
J’ai croisé de nombreux apprentis qui étaient presque dégoutés de leur apprentissage dés leurs premières années. La faute était souvent due à l’accompagnement en entreprise avec des tâches identiques et répétitives en permanence et un manque de suivi de l’apprenti dans sa formation.
Conclusion:
L’apprentissage est une chance dans la mesure ou la motivation suit et que la formation, aussi bien en centre que sur le terrain est au niveau de l’envie.
C’est un pied dans le monde du travail pour ceux qui veulent écourter leurs études et qui se sentent plus la fibre manuelle qu’intellectuelle. Mais l’un n’empêche pas l’autre puisqu’il est aussi de se former plus tard, dans de meilleures conditions avec toute l’expérience acquise lors de la période d’apprentissage en entreprise.