Anomalies du diagnostic électrique avant la vente, que faire ?

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Quand on cherche à vendre un bien immobilier, on s’affaire parfois à le rendre dans son plus bel état pour favoriser la vente. Mais on ne s’attarde pas forcément sur la partie installation électrique (même si elle est soumise à un diagnostic électrique obligatoire). Et on me questionne souvent sur la nécessité de répondre ou pas aux anomalies du diagnostic électrique avant la vente d’un bien immobilier.
Alors faut il traiter les problèmes de non conformité électrique pour vendre?
Quels sont les points les plus critiques du rapport de diagnostic électrique à traiter en premier?
Vendre un logement avec une installation électrique non conforme
Installation non conforme et logement à rénover totalement
Quand le logement en question est très vieux et doit être rénové complètement, c’est assez évident. Il n’y a pas besoin de revoir l’installation électrique.
Pourquoi?
Si tout doit être revu, comme par exemple l’isolation des murs, la toiture, la maçonnerie ou encore les huisseries, alors les anomalies du diagnostic électrique ne seront pas vues comme un obstacle à la vente.
C’est une rénovation totale qu’il faut envisager sur ce genre de bien immobilier et c’est au moment de la rénovation qu’il faudra refaire totalement l’installation électrique.

Si des travaux d’envergure doivent être envisagé, il ne sert à rien de refaire l’électricité
Un logement sans travaux d’envergure
La question de correction des anomalies du diagnostic électrique se pose par contre lorsque le logement n’a pas besoin de travaux d’importance.
Dans un logement, il y a souvent quelques travaux de rafraichissement ou de décoration comme la pose de parquet ou de la peinture.
Mais les travaux d’électricité ne rentrent pas dans ce cadre. Ils paraissent plus compliqués à réaliser.
Et vendre une maison parfaite avec des soucis d’électricité, c’est comme vendre une voiture extérieurement très propre, mais avec des problèmes de freins ou de moteur. La structure est bonne, mais l’acheteur risque d’avoir des problèmes à l’avenir.
Dans ce cas, mieux vaut engager quelques travaux sur cette installation électrique afin de la sécuriser et de rassurer l’acheteur.
Il ne lui restera que des travaux de rafraichissement, moins couteux, et qui ne mettent pas la sécurité des habitants en question.
En pratique, quelles sont les anomalies du diagnostic électrique à traiter avant de vendre un logement?
Je ne vais pas dans cet article parler de tous les problèmes qu’on peut trouver dans une installation électrique non conforme.
Il peut y en avoir beaucoup, certains étant spécifiques à chaque installation.
Je vais plutôt faire référence à 3 cas relativement courants d’anomalies du diagnostic électrique.
Absence de protection différentielle 30mA
Cette anomalie est récurrente pour les logements construits avant les années 1990.
A cette époque, la protection avec interrupteur différentiel n’était pas obligatoire. C’est d’ailleurs en 1991 que cette protection est devenue obligatoire dans le tableau électrique (pour la partie salle de bain) puis en 2002 pour toute l’habitation.
Concrètement, sur un rapport de diagnostic électrique, cette remarque apparait sous la forme suivante:
« Absence de protection différentielle haute sensibilité (30mA) sur le circuit… »

Extrait d’un rapport avec des anomalies du diagnostic électrique, absence de protection différentielle
Mais cette non conformité est relativement simple à corriger.
Il faut installer un interrupteur différentiel 30ma dans le tableau électrique.
Parfois c’est un peu plus compliqué car il peut ne pas avoir assez de place dans le coffret existant. Le tableau électrique existant peut aussi être très vétuste avec des vieilles protections dépassées (comme les fusibles à tabatière).
Il faudra alors procéder au remplacement total du coffret électrique, des disjoncteurs et autre appareils modulaires (contacteur jour nuit, télérupteur…)
Sans oublier d’installer l’interrupteur différentiel 30ma, puisque c’est l’objectif principal de cette mise en conformité
Absence de prise de terre
Bien souvent, cette non conformité va de paire avec la précédente.
La prise de terre est effectivement le complément à la protection différentielle 30mA. Elle est indispensable pour assurer la sécurité des habitants du logement.
Comment corriger cette anomalie du rapport de diagnostic électrique?
Si le tableau est à proximité d’un mur extérieur, la réalisation d’une prise de terre est envisageable. Dans les vieux logements, le tableau électrique est souvent installé dans le garage. C’est alors assez facile de planter un piquet de terre à l’extérieur et de le raccorder au bornier de terre du tableau électrique.
A noter aussi qu’il n’est pas nécessaire d’installer une barrette de terre qui n’est pas obligatoire.

Absence de prise de terre? Pour corriger cette anomalie du rapport de diagnostic électrique, il faut installer un piquet de terre relié au tableau électrique
Absence de coupure d’urgence
Enfin cette non conformité apparaît lorsqu’au niveau du tableau électrique, il n’y a pas d’organe de coupure général.
En effet, au niveau du tableau électrique ou a proximité immédiate, il faut pouvoir couper l’ensemble de l’alimentation électrique du tableau pour des questions de sécurité.
Le plus souvent, c’est le disjoncteur de branchement installé a côté du tableau qui joue ce rôle.
Mais si ce disjoncteur principal est installé ailleurs, en limite de propriété ou dans une autre pièce, il faut pouvoir couper l’alimentation générale au niveau du tableau électrique.
Pour solutionner ce problème, il faut installer un interrupteur sectionneur en tête du tableau électrique.

L’interrupteur sectionneur installé dans le tableau électrique permet de résoudre la non conformité absence de coupure d’urgence
Ce qui change en 2025 : diagnostics, vente, location
L’année 2025 apporte plusieurs évolutions réglementaires qu’il est indispensable de connaître si vous envisagez de vendre un logement avec une installation électrique ancienne ou non conforme :
Durée de validité du diagnostic électrique (CREP)
Pour la vente, le diagnostic électrique reste obligatoire pour les logements de plus de 15 ans et il est désormais valable 3 ans (contre 6 pour une location). Attention : en cas de sinistre, les assurances peuvent refuser d’indemniser si le diagnostic n’est pas valide ou si les anomalies de sécurité relevées n’ont pas été corrigées.
Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) : version 2025
Tous les DPE établis avant juillet 2021 sont désormais inutilisables pour une vente ou une location. Un nouveau diagnostic est obligatoire.
Si votre logement est classé E, F ou G, un audit énergétique réglementaire est obligatoire pour vendre depuis le 1er janvier 2025.
Interdiction progressive à la location des passoires thermiques
La vente de logements classés G reste autorisée, mais leur mise en location est interdite depuis le 1er janvier 2025.
Cela peut impacter fortement la valeur d’un bien destiné à l’investissement locatif.
Cas particuliers des meublés touristiques (type Airbnb)
Depuis 2025, les meublés de tourisme doivent eux aussi être classés E ou mieux, sinon la location est interdite, même pour de courtes durées.
Pensez à croiser votre diagnostic électrique et votre DPE si vous vendez un bien ancien : ce sont deux leviers majeurs qui influencent le prix final et la faisabilité de la vente.
Erreurs fréquentes à éviter
- Penser qu’un diagnostic avec anomalies interdit la vente (ce n’est pas le cas, sauf logement neuf ou location).
- Croire qu’un acheteur acceptera sans discussion des défauts de sécurité.
- Installer un interrupteur différentiel 30 mA sans vérifier la présence d’une prise de terre.
- Poser un interrupteur sectionneur inutilement si le disjoncteur principal est déjà présent au bon endroit.
Bonnes pratiques pour valoriser son installation électrique avant une vente
- Lire attentivement le diagnostic électrique : commencez par les anomalies marquées en rouge.
- Prioriser les non-conformités de sécurité : protection différentielle, terre, coupure d’urgence.
- Investir dans une remise en conformité partielle pour rassurer l’acheteur.
- Documenter les interventions avec factures ou photos avant/après.
- Demander conseil à un électricien qualifié pour éviter de créer de nouvelles non-conformités.
À retenir
- Le diagnostic électrique n’impose pas de travaux, mais influence la décision d’achat.
- Corriger 2-3 anomalies clés peut transformer une hésitation en offre ferme.
- Une installation conforme, même partiellement, rassure et valorise votre bien.
Conclusion
Vous l’aurez compris, la réponse à cette question de correction de non conformité de l’installation électrique ne peut pas être basique. On ne peut pas y répondre par un simple oui ou non.
Elle dépend avant tout des travaux à engager pour répondre aux anomalies du diagnostic électrique.
Mais il y a une chose qui est certaine, c’est qu’un rapport de diagnostic vierge aura un impact positif pour la revente d’un logement.
Alors si il n’y a pas beaucoup de travaux pour avoir une installation électrique conforme et sans défaut, il faut le faire.
C’est un argument de poids pour la vente.
FAQ
Puis-je vendre un logement avec une installation non conforme ?
Oui, tant que vous fournissez un diagnostic valide, mais cela peut freiner des acheteurs ou les amener à négocier plus ou moins fortement le tarif.
Dois-je refaire toute l’installation ?
Pas forcément. Si seuls quelques points critiques sont à corriger, cela suffit souvent à lever les doutes.
Est-ce obligatoire d’avoir une prise de terre ?
Oui pour les logements récents. Pour les anciens, elle est fortement recommandée pour la sécurité.
Combien coûte la mise en conformité partielle ?
Entre 300 € et 1200 € selon les défauts (ajout différentiel, piquet de terre, sectionneur…).
Glossaire
- Diagnostic électrique : Contrôle obligatoire des installations de plus de 15 ans lors de la vente.
- Protection différentielle 30 mA : Dispositif qui coupe automatiquement le courant en cas de fuite.
- Interrupteur différentiel : Module protégeant les personnes contre les défauts d’isolement.
- Disjoncteur divisionnaire : Module protégeant un circuit spécifique contre les surcharges/courts-circuits.
- Prise de terre : Liaison métallique entre le sol et le tableau pour évacuer les courants de fuite.
- Sectionneur : Interrupteur permettant de couper manuellement l’alimentation générale.
- Coffret / Tableau électrique : Boîtier centralisant tous les circuits d’un logement.
- Fusibles à tabatière : Ancien système de protection avec cartouches, obsolète.
- Installation conforme : Installation respectant les exigences minimales de sécurité en vigueur.
Sources
- Service-Public.fr – Validité des diagnostics immobiliers : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F16096
- Ministère de la Transition Écologique – Évolutions du DPE et calendrier 2025-2034 : https://www.ecologie.gouv.fr/diagnostic-performance-energetique-dpe
Résumez cet article :

Suis je obligé de refaire un diagnostic après mise aux normes d’électricité avant la vente
Bonjour
Vous n’y etes pas obligé.
Vous pouvez donner l’ancient diagnostic et la facture de l’électricien montrant que les anomalies ont été rectifiées.
Mais c’est certain que refaire le diag serait plus clean.
A noter que vous n’avez aucune obligation de corriger les anomalies signalées
Merci pour cet article très intéressant.
Je fais moi même souvent des travaux électriques suite à un diagnostic.
Je me pose une question. Régulièrement le diagnostic fait mention d’absence de terre (pc non reliée à la terre) sur certaines prises de courant. Le plus souvent et si il est absent, je compense en posant un inter diff car tirer la terre jusqu’au prises concernées serait bien trop compliqué il me semble ? Sauf si le logement est totalement rénové, alors dans ce cas c’est faisable.
Tu parles de créer une mise à la terre dans ton article, c’est également dans le cas d’une rénovation totale j’imagine ? Car dans le cas contraire on tombe sur la même problématique citée au-dessus.
Merci beaucoup pour ton retour !
Tu soulèves un point très fréquent en rénovation : l’absence de terre sur certaines prises, et la question de savoir si l’ajout d’un interrupteur différentiel suffit.
👉 Malheureusement, non. Un interrupteur différentiel ne remplace pas une terre. Il protège uniquement en cas de fuite de courant, mais sans conducteur de terre, la détection est moins efficace, surtout sur les appareils de classe I (avec carcasse métallique).
✔️ Créer une mise à la terre (piquet + barrette + conducteur de protection) est effectivement indispensable en rénovation complète, mais en rénovation partielle, tu peux :
Tirer un conducteur de terre uniquement vers les circuits les plus sensibles (salle de bain, cuisine, électroménager…).
Utiliser un différentiel 30 mA en complément, mais sans négliger l’absence de terre.
⚠️ Et attention, si la terre est absente sur une prise, elle ne doit pas être reliée « en l’air » (borne de terre non connectée) car cela peut être dangereux.
Bref, tu as raison sur la contrainte technique, mais l’idéal reste de créer une terre au moins partielle, même si ce n’est pas toujours simple. Si tu veux, je peux t’aider à évaluer la faisabilité d’un circuit de terre « light » adapté à ton installation.