Peut-on installer un tableau électrique extérieur directement après le Linky (type II) ?

Peut-on installer un tableau électrique extérieur directement après le Linky (type II) ?

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Introduction

La question de l’alimentation des équipements extérieurs revient souvent sur les groupes Facebook d’électriciens et de bricoleurs avertis.
Un internaute expliquait par exemple que son compteur Linky et son disjoncteur de branchement (AGCP) sont installés à l’extérieur, en limite de propriété (branchement type II).
Plutôt que de tirer une ligne de 50 mètres jusqu’à son tableau intérieur pour ensuite revenir vers le jardin, il se demandait s’il était autorisé de mettre un petit tableau électrique directement dehors, afin d’alimenter un portail motorisé, une borne de recharge et des prises extérieures.
Les réponses données par les membres du groupe étaient parfois contradictoires, certains affirmant que c’était interdit, d’autres que c’était au contraire recommandé.

Dans cet article, nous faisons le point sur ce que dit réellement la norme NF C 15-100, sur les bonnes pratiques à adopter, et nous corrigeons les idées reçues lues dans les commentaires.

Vous pouvez également lire notre article sur le sujet : Le compteur Linky déchaîne les passions, qui revient sur les critiques, rumeurs et réalités de ce compteur connecté.

 

Résumé pour les pressés

Oui, il est possible d’installer un tableau électrique extérieur juste après le disjoncteur de branchement (AGCP) dans le cas d’un branchement type II, à condition de respecter la norme NF C 15-100.
Le tableau extérieur devient alors le tableau principal, et le tableau de la maison est considéré comme un tableau divisionnaire.
⚠️ Ce n’est pas autorisé de multiplier les départs directement sous le disjoncteur Linky. Tout doit passer par un seul coffret, bien dimensionné, étanche et protégé (IP65 minimum).

 

Le cas de départ

L’internaute a son Linky + disjoncteur de branchement (AGCP) installés à l’extérieur, dans un coffret en limite de propriété (branchement type II).
Problème : sa maison est à 50 mètres, ce qui implique de longues longueurs de câbles à enterrer. Il aimerait profiter de la proximité de l’AGCP pour alimenter directement des équipements extérieurs : portail motorisé, borne de recharge, prises de jardin, etc.

 

Ce que dit la norme

La norme NF C 15-100 impose :

  • Un tableau électrique principal immédiatement en aval du disjoncteur d’abonné (AGCP).
  • La possibilité d’ajouter un tableau secondaire (divisionnaire) à distance, alimenté depuis ce tableau principal via une ligne dédiée protégée.
  • Une sélectivité des protections (disjoncteurs, différentiels) adaptée.
  • Des protections IP65 ou IP66 pour les coffrets placés en extérieur, avec presse-étoupes et câbles adaptés.

 

La bonne configuration

La solution correcte est donc :

  1. Créer un tableau étanche extérieur (placé juste après l’AGCP) → il devient le tableau principal.
    • Ce tableau contiendra un différentiel pour les circuits extérieurs (portail, borne, prises…).
    • Un disjoncteur de départ 63A pour alimenter le tableau de la maison.
  2. Installer le tableau intérieur → considéré comme un tableau divisionnaire.
  •  

 

Astuces pratiques

Il faut prévoir un petit local ou coffret protégé autour du tableau extérieur, pour le protéger de l’humidité, du soleil et des rongeurs.

Mais aussi… anticiper les futurs besoins : 

  • Lors du tirage de câbles entre le tableau extérieur et la maison, il est judicieux de prévoir :
  • Des fourreaux vides supplémentaires, pour ajouter facilement de nouveaux circuits dans le futur (caméras de surveillance, éclairages de jardin, domotique, piscine).
  • Une gaine TPC rouge 90 mm enterrée, avec grillage avertisseur, pour anticiper les évolutions.
  • Un câble de terre de section adaptée (16 mm² cuivre nu minimum), afin d’assurer une continuité de mise à la terre entre les tableaux.

 

Dimensionnement des câbles et protections

Pour alimenter un tableau divisionnaire (celui de la maison) depuis le tableau extérieur principal, il est essentiel de respecter les sections de câbles imposées par la norme NF C 15-100.

  • Jusqu’à 18 kVA monophasé (disjoncteur 90A) : section minimale de 16 mm² cuivre ou 25 mm² alu.
  • Pour un disjoncteur 63A monophasé (cas le plus fréquent) : section de 16 mm² cuivre si la distance est inférieure à 30-40 m.

Dans le cas présenté (50 m aller), il faudra peut-être sur-dimensionner (25 mm²) afin de limiter les chutes de tension, surtout si des équipements gourmands comme une borne de recharge sont prévus.

 

Et pour une borne de recharge de véhicule électrique ?

Les bornes IRVE (Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique) sont soumises à des prescriptions spécifiques de la norme NF C 15-100 et du décret IRVE :

  • Circuit dédié depuis le tableau extérieur, protégé par un disjoncteur adapté (32A pour 7,4 kW par exemple).
  • Protection différentielle type A renforcé ou type B selon la borne.
  • Ligne dimensionnée en fonction de la puissance (6 mm² pour 32A, mais attention à la longueur de 50 m qui peut nécessiter 10 mm²).

Dans ce cas, le tableau extérieur est un excellent choix, car il permet de limiter la longueur des câbles entre l’AGCP et la borne.

 

Attention aux commentaires contradictoires que l’on retrouve sur internet

Sur ce même groupe, nous avons trouvé plusieurs commentaires, en voici quelques uns qui nous semblaient pertinents de « débunker » (comprendre, valider ou invalider et surtout expliquer pourquoi).

❌ « Il est interdit de se reprendre sur l’AGCP pour un deuxième coffret »

→ Faux. Ce qui est interdit, c’est d’avoir deux départs distincts sous le disjoncteur. Mais rien n’interdit de placer un tableau principal directement en aval, puis de répartir les départs.

 

❌ « On peut mettre deux câbles sous le DB, un pour la maison et un pour le portail »

→ Faux. La norme interdit les raccordements multiples sous le disjoncteur. Il faut passer par un seul coffret de répartition.

 

✅/❌ « Ne vous compliquez pas la vie, tirez tous les câbles depuis la maison »

→ C’est possible mais déconseillé, et clairement pas optimal à 50 m. Les longueurs vont coûter cher en cuivre, générer des pertes et des chutes de tension. Le tableau extérieur est une solution plus logique.

 

✅ « Le tableau extérieur devient le principal et la maison un secondaire »

→ Vrai. C’est exactement ce que prévoit la NF C 15-100.

 

✅ « Prévoir coffret étanche IP66, presse-étoupes et protections différentielles »

→ Correct.

 

Sécurité et emplacement du tableau extérieur

Un tableau électrique installé dehors doit être :

  • Protégé dans un coffret étanche IP65/IP66, résistant aux UV et aux intempéries.
  • Installé de préférence dans un abri ou coffret secondaire verrouillable mais accessible (par exemple, un caisson métallique ou en polyester autour du tableau).
  • Posé à une hauteur réglementaire (entre 0,90 m et 1,80 m), afin de rester accessible en cas de maintenance.

Ces précautions réduisent les risques liés à l’humidité, aux rongeurs et aux chocs mécaniques.

 

Erreurs fréquentes à éviter

  1. Tirer plusieurs câbles directement sous le disjoncteur EDF → interdit par la norme.
  2. Installer un tableau extérieur sans coffret IP65/IP66, exposé à la pluie et aux UV.
  3. Ne pas surdimensionner les câbles sur longues distances (risque de chute de tension).
  4. Négliger la mise à la terre entre le tableau extérieur et le tableau maison.
  5. Oublier un disjoncteur de coupure dédié pour le départ vers la maison, ce qui complique les interventions.

 

Bonnes pratiques d’installation

  • Utiliser des presse-étoupes pour chaque passage de câble afin d’assurer l’étanchéité.
  • Poser les câbles extérieurs dans des fourreaux TPC enterrés à 60 cm de profondeur, avec grillage avertisseur rouge.
  • Prévoir un espace suffisant dans le tableau extérieur pour ajouter de futurs départs (ex. éclairage de jardin, borne supplémentaire, piscine).
  • Vérifier la sélectivité des protections entre l’AGCP et les différentiels en aval pour éviter les coupures inutiles.

 

Conclusion

Installer un tableau électrique extérieur en sortie directe du Linky + disjoncteur (type II) est autorisé et même recommandé dans le cas de distances importantes.
Cela permet de simplifier les câblages, de limiter les pertes et d’alimenter à la fois la maison et les équipements extérieurs.
La seule règle : respecter la NF C 15-100, dimensionner correctement les protections, et utiliser un coffret étanche IP65/IP66.

 

À retenir

Oui, on peut mettre un tableau extérieur directement après le disjoncteur Linky (type II).

  • Ce tableau devient le tableau principal.
  • Le tableau maison devient un tableau divisionnaire.
  • Interdit de tirer deux câbles directement sous le disjoncteur.
  • Protection IP65/IP66, presse-étoupes et différentiels obligatoires.

Pour mieux comprendre le fonctionnement et les polémiques autour du compteur Linky, consultez notre guide détaillé : En savoir plus sur le compteur Linky, sa technologie, son refus et le débat

 

FAQ

Peut-on mettre plusieurs départs sous le disjoncteur EDF ?

Non. Un seul départ est autorisé, qui doit alimenter un tableau de répartition.

 

Quelle protection pour un tableau extérieur ?

Un coffret IP65 ou IP66, avec presse-étoupes, câbles adaptés et protection contre les UV.

 

Doit-on mettre un différentiel dans le tableau extérieur ?

Oui, chaque ligne doit être protégée par un interrupteur différentiel 30 mA.

 

Faut-il un sectionneur entre le tableau extérieur et le tableau maison ?

Oui si le tableau extérieur contient plusieurs différentiels, afin de pouvoir couper en un seul geste.

 

Glossaire

  • AGCP : Appareil Général de Commande et de Protection, c’est le disjoncteur principal placé après le compteur.
  • Tableau principal : premier tableau de répartition situé immédiatement après le disjoncteur d’abonné.
  • Tableau divisionnaire : tableau secondaire alimenté depuis le principal.
  • IP65/IP66 : indice de protection contre la poussière et l’eau, nécessaire pour une installation extérieure.
  • NF C 15-100 : norme française qui régit les installations électriques basse tension.
  • DB (Disjoncteur de Branchement) : autre appellation de l’AGCP, placé après le compteur.
  • Chute de tension : perte de tension électrique proportionnelle à la longueur du câble et à l’intensité circulante.
  • IRVE : Infrastructure de Recharge de Véhicule Électrique, norme spécifique pour les bornes de recharge.

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