Recharger son véhicule électrique avec des panneaux solaires

Résumez cet article :
Véhicule électrique et panneaux solaires : un duo gagnant ?
La voiture électrique séduit de plus en plus d’automobilistes, pour des raisons écologiques, économiques ou technologiques. En parallèle, l’autoconsommation photovoltaïque connaît un essor considérable. Alors, peut-on vraiment recharger son véhicule électrique avec des panneaux solaires ? Est-ce rentable ? Faut-il des batteries domestiques ? Peut-on se passer du réseau EDF ? Et combien de panneaux faut-il pour alimenter une Wallbox ou une simple prise renforcée ?
Ce sont autant de questions que se posent les électromobilistes — ou ceux qui s’apprêtent à le devenir.
Dans cet article, nous allons démystifier le sujet, expliquer le fonctionnement d’une installation photovoltaïque, les puissances nécessaires selon les modes de charge, les limites saisonnières, les bonnes pratiques à adopter… et vous donner une vision claire et réaliste de ce qu’il est possible de faire (ou pas).
Que vous envisagiez de recharger ponctuellement, de viser une autonomie maximale, ou simplement de réduire votre facture d’électricité, ce guide vous aidera à faire les bons choix techniques et économiques.
Résumé pour les pressés
Oui, il est possible de recharger (partiellement ou totalement) un véhicule électrique avec des panneaux solaires.
Mais cela dépend :
du type de véhicule (recharge lente ou Wallbox)
de la puissance installée en kWc
de la météo et de l’exposition du toit
du moment où vous rechargez
Avec 3 kWc de panneaux bien orientés, vous pouvez produire jusqu’à 4 000 kWh/an, de quoi couvrir environ 20 000 km/an sur un véhicule peu énergivore. Mais l’absence de stockage impose une gestion intelligente de la charge ou l’utilisation d’une Wallbox solaire dynamique.
Véhicule électrique et panneaux solaires
Avant d’entrer dans le vif du sujet, une petite définition des termes s’impose. De quoi parle-t-on exactement ?
Les véhicules électriques
Aujourd’hui les médias ont tendance à mélanger plusieurs termes, ils parlent même de véhicules « électrifiés » et les constructeurs multiplient à l’envi les déclinaisons des véhicules hybrides : micro hybrides, mild hybrides, full hybride etc…
Nos amis Québécois parlent de véhicules « branchables ». Ceci a le mérite d’être clair : on regroupe les véhicules 100% électriques et les hybrides rechargeables. En résumé nous parlerons ici de véhicules « branchables », qu’ils soient hybrides rechargeables ou électriques.
Les panneaux solaires
Quand on parle de panneaux solaires, on parle de panneaux photovoltaïques. En effet des panneaux solaires peuvent fournir de la chaleur ou de l’électricité, mais c’est l’énergie électrique qui nous intéresse.
Les panneaux photovoltaïques produisent du courant continu.
On exprime leur puissance en Wc « watts crête », c’est un peu la puissance maximale qu’ils sont capables de fournir, dans les meilleures conditions d’orientation, d’ensoleillement, et de chaleur.
Comprendre les panneaux photovoltaïques
Fontionnement et rendement des panneaux photovoltaïques
Les panneaux solaires sont composés de cellules photovoltaïques en silicium encapsulées entre deux plaques de verre. Ces cellules sont enrichies d’atomes de phosphore d’un côté et de bor de l’autre. Lorsque la lumière les frappe, les cellules se mettent alors à circuler d’une borne à l’autre à la manière d’une pile électrique.
Comme une pile électrique (ou comme les batteries), ils fournissent donc du courant continu. Chaque panneau est raccordé au suivant de sorte que les tensions s’additionnent. Un peu comme un pack de batteries.
Avec un rendement compris entre 18 et 24 %, les panneaux solaires monocristallins sont les modules les plus efficaces. Ce sont d’aillleurs les plus répandus. En France, la moyenne annuelle de production d’une installation photovoltaïque oscille entre 800 et 1 400 kWh par kilowatt-crête (kWc).
Avec une installation de 3kWc vous pouvez donc espérer 2.400 à 4.200kWh par an.
La plupart des systèmes n’ayant pas de stockage de l’énergie, c’est uniquement quand le soleil brille que l’on pourra faire fonctionner nos appareils domestiques au solaire (lave-vaisselle, lave-linge, climatisation ou chargeur de voiture électrique).
Or, le réseau de nos habitations est en courant alternatif. Il faut donc transformer le courant continu des panneaux en courant alternatif. C’est là qu’intervient l’onduleur.
Le rôle de l’onduleur
L’onduleur est géré par un microprocesseur et garantit que le courant produit répond exactement aux normes fixées par le gestionnaire du réseau (voltage, fréquence, émission d’harmoniques, etc…). Il assure aussi la sécurité du système entier par une protection de découplage.
Les onduleurs sont de plus en plus performants. Les pertes sont passées de 5% en 2007 à 2% en 2018 voire 1% aujourd’hui. Malheureusement, aussi performant soit-il, votre onduleur présente aussi une puissance maximale.
Il est aujourd’hui fréquent d’installer un micro-onduleur par panneau. Cela permet de mieux répartir la production si une partie des panneaux est ombragée par exemple.
La puissance théorique en kWC
Cependant, tous vos panneaux ne seront pas orientés plein sud avec un angle de toiture idéal (variable suivant la saison). Vous comprendrez donc que la puissance maximale en kWc n’est jamais à prendre au pied la lettre mais comme un absolu théorique.
Autrement dit, si par une belle journée d’été vos 6kWc installés vous fournissent 5000 watts à l’instant T, vous êtes certainement dans la partie haute de votre courbe de production journalière.
A ce sujet, il existe de petits boitiers à relier à votre compteur linky qui permettent de visualiser en temps réel votre production électrique. Très pratique pour savoir si vous pouvez lancer des appareils pour absorber votre surplus !
Le mieux étant d’avoir des routeurs solaires et une application domotique qui déclenchent vos appareils électriques (cumulus, voiture…) en cas de surplus de production.
De quelle puissance de panneaux disposer pour pouvoir recharger ?
Nous avons expliqué plus haut que la puissance installée n’est qu’un maximum théorique. Alors de quelle puissance a besoin votre auto et combien de panneaux installer pour la recharger ?
Les prises simples ou renforcées
Les voitures électriques peuvent se charger de 3 façons :
- sur une prise (appelés aussi mode 1 et 2)
- sur une borne normale (mode 3)
- sur une borne rapide (mode 4).
Evacuons tout de suite la charge rapide qui demande trop de puissance. Il faudrait au bas mot une centaine de m² de panneaux…
La prise domestique fournira 10A, en 220 ou 230v soit environ 2.3kW (mode 1)
La prise domestique renforcée (préférable car mieux adaptée à un temps long d’utilisation) délivrera jusqu’à 16A soit environ 3,7kW. (mode 2).
Vous commencez déjà à faire vos calculs et vous dire, tiens ! « Avec 3kWc de panneaux photovoltaïques je ne vais pas forcément couvrir l’appel de puissance de ma prise renforcée ». Mais le complément demandé au réseau n’est pas si important non plus…
Les bornes IRVE
Si vous possédez une Wallbox (mode 3), en fonction de la puissance de votre abonnement (6 kVA à 36 kVA) et de celle du chargeur embarqué de votre voiture, vous tirerez entre 3,7kW et 22kW.
Les véhicules hybrides rechargeables se contentent généralement d’un chargeur de 3,7kW, et les véhicules électriques d’un chargeur embarqué de 7kW.
Les véhicules électriques équipés d’un chargeur triphasé peuvent accepter 11kW (trois fois 16A x 230V) voire 22kW (trois fois 32A x 230V). Mais cela ne fonctionnera chez vous que si votre habitation est elle-même câblée en triphasé et que vous possédez l’abonnement adéquat.
Sachez également que certaines Wallbox détectent le surplus de production solaire pour l’envoyer dans votre véhicule. Dans ce cas une intensité minimum (6 ou 8A) est requise pour commencer la charge. Pensez également à ne pas programmer votre recharge de nuit comme le font la plupart des électromobilistes pour charger en heures creuses, sinon la charge ne démarrera pas !
Voici quelques ordres de grandeur pour évaluer ce que vous pouvez espérer couvrir en kilomètres par an selon la puissance installée sur votre toit. Les chiffres varient selon l’ensoleillement de votre région, l’orientation des panneaux, et le rendement global du système.
Les panneaux photovoltaïques installés sur les véhicules électriques
Depuis plusieurs années, la Toyota Prius rechargeable propose un toit solaire en option. Des véhicules électriques comme le Hyundai Ioniq 5 proposent également un toit recouvert de cellules photovoltaïques. Le gain est minime en terme d’autonomie, mais il peut couvrir la consommation de la climatisation par exemple.
Des constructeurs comme le néerlandais Lightyear 3 ou la startup allemande Sonomotors se sont essayées à des véhicules dont la carrosserie était presque entièrement couverte de panneaux solaires. Cette inovation permettait une autonomie de 15 à 70km journalière uniquement grâce à l’énergie solaire.
Faute de capitaux suffisants, ces deux projets n’ont pas aboutis. Seul l’américain Aptera reste en lice avec un véhicule aux airs d’avion sans aile muni d’un long panneau solaire sur le toit.
Enfin l’américain Gosun va plus loin en imaginant un panneau solaire souple qui se range sur la galerie de toit de n’importe quel véhicule. Il se déplie et permet à la fois de protéger le véhicule du soleil et le recharger. La solution en est au stade de précommande mais elle promet déjà de récupérer jusqu’à 48km par jour. Evidemment c’est une solution réservée au stationnement !
En même temps une automobile, c’est un comble, reste immobile 95% de sa vie…
Erreurs fréquentes à éviter
- Penser qu’un toit solaire suffit à recharger totalement n’importe quel VE
- Programmer la recharge de nuit (heures creuses) en espérant profiter du solaire
- Installer une Wallbox trop puissante sans abonnement adapté
- Oublier que l’hiver, la production solaire est divisée par 2 à 3
- Ne pas vérifier la compatibilité entre votre borne et la gestion dynamique solaire
- Espérer qu’un toit de voiture solaire couvre plus que quelques km/jour
- Négliger les pertes de conversion (onduleur + charge) dans vos calculs
- Ne pas intégrer les autres consommations de la maison dans votre dimensionnement
Bonnes pratiques pour recharger un VE grâce au solaire
- Installer une puissance solaire adaptée à vos besoins annuels (≈ 3 à 6 kWc minimum)
- Privilégier une orientation plein sud avec une inclinaison de 30 à 35°
- Coupler vos panneaux à une Wallbox connectée au TIC Linky ou à un routeur solaire
- Éviter de programmer vos recharges la nuit si vous voulez profiter du solaire
- Recharger plutôt en journée quand la production est maximale
- Utiliser un visualiseur de production solaire (ex : MyEnedis, Enphase, Victron)
- Adapter la puissance de charge à la production (via Wallbox solaire ou réglage manuel)
- Envisager un stockage (batterie domestique) si votre usage est peu flexible
Conclusion
La combinaison voiture électrique + panneaux solaires s’impose comme une solution d’avenir, à la fois économique, écologique et stratégique.
À condition de bien dimensionner son installation, de choisir le bon moment pour recharger, et de s’équiper intelligemment (routeur, Wallbox solaire, TIC Linky…), l’autoconsommation solaire peut couvrir une part importante de vos recharges. Et donc réduire fortement votre facture énergétique annuelle.
C’est une démarche concrète vers l’indépendance énergétique, accessible dès aujourd’hui.
À retenir
- Les panneaux solaires peuvent couvrir partiellement ou totalement les recharges de VE
- Il faut un minimum de 3 à 6 kWc pour commencer à avoir un impact réel
- La puissance disponible varie au cours de la journée : une borne adaptative est fortement recommandée
- Un routeur solaire ou une Wallbox solaire permet d’exploiter automatiquement les surplus
- Programmer la recharge la nuit empêche d’utiliser la production solaire
- Le rendement annuel varie entre 800 et 1400 kWh par kWc, selon l’orientation et la région
- Certains véhicules intègrent déjà des panneaux solaires, mais leur impact reste limité
FAQ – Véhicule électrique & panneaux solaires
Puis-je recharger une voiture électrique uniquement avec des panneaux solaires ?
Oui, mais uniquement si votre puissance installée et votre ensoleillement sont suffisants. Une installation de 3 à 6 kWc permet de couvrir une bonne partie des besoins.
Dois-je avoir une batterie domestique ?
Non, mais c’est recommandé si vous n’êtes pas souvent chez vous en journée. Sinon, utilisez une Wallbox solaire ou un routeur.
Combien de kWh consomme une voiture électrique ?
En moyenne, 15 à 20 kWh/100 km. Pour 10 000 km/an, comptez 1 500 à 2 000 kWh.
Peut-on produire en hiver ?
Oui, mais beaucoup moins qu’en été. Il faut ajuster vos attentes selon la saison.
Combien coûte une installation solaire pour recharge VE ?
Environ 7 000 à 10 000 € pour 3 à 6 kWc, hors aides.
Glossaire – Photovoltaïque & véhicules électriques
- kWc (kilowatt-crête) : puissance maximale théorique d’un panneau solaire dans les meilleures conditions
- kWh : quantité d’énergie (ex. 1 000 kWh pour 5 000 à 6 500 km en VE)
- Wallbox : borne murale de recharge pour véhicule électrique
- CRO : câble de recharge occasionnelle (prise domestique)
- TIC Linky : Télé Information Client – permet à une Wallbox de connaître la consommation réelle
- Surplus solaire : production excédentaire non consommée en direct dans le logement
- Routeur solaire : appareil qui envoie automatiquement les surplus vers le chauffe-eau, le VE ou la batterie
- Micro-onduleur : petit onduleur installé panneau par panneau
- Mode 1 / 2 / 3 / 4 : classification des types de charge VE (de la prise classique à la borne rapide)
- V2G / V2H : technologies de recharge bidirectionnelle (non encore déployées à grande échelle)
Résumez cet article :
