Do It Yourself en électricité et Assurance: Peut-t-on faire son installation électrique soi-même?
Je donne la parole à un professionnel aujourd’hui: Il s’agit de Yann (que vous pouvez retrouver ici). Il a souhaité aborder le thème du Do It Yourself en électricité du point de vue responsabilité et assurance. Voici son analyse et son point de vue sur un sujet qui doit être pris en compte avant de démarrer ses travaux en électricité:
Peut on faire ses travaux d’électricité soi-même?
La question paraît évidente quand on voit le nombre de blog, de tutoriels, vidéos, livres en électricité que l’on trouve en librairie ou sur Internet. Par ailleurs, personne n’a vu des panneaux en grande surface de bricolage ou sur les modes d’emploi des produits que le matériel électrique DOIT être posé par des professionnels … à part… IKEA par exemple qui le mentionne même en gras sur ces modes d’emploi pour tout appareil électrique.
Il en va de même pour certaines compagnies d’assurance comme par exemple la Macif. La Macif rappelle régulièrement à ses assurés que la réalisation de travaux comme la réfection de l’électricité ou la plomberie, la création d’une cheminée n’est pas couverte par le contrat d’habitation. Ces travaux doivent faire l’objet d’une assurance PROFESSIONNELLE.
Le Do it Yourself en électrique c’est aussi une question d’assurance:
Qu’est ce que cela veut dire ?!
Changer une prise, un interrupteur, il n’y a pas de problème.
Par contre, dès que l’on veut faire quelque chose de plus important comme construire une maison, rénover un appartement, refaire toute une installation électrique, faire toute la plomberie… les tribunaux considèrent que le bricoleur change de statut et devient professionnel.
Non couverture par les assurances responsabilités civile classique :
Le bricoleur ne sera donc plus couvert par les assurances responsabilités civiles ou d’habitation pour ce type de travaux. Cela ne veut pas dire que l’assurance ne marchera pas mais que l’assureur a parfaitement le droit de refuser de couvrir.
Assurance professionnelle obligatoire
En qualité de professionnel, le bricoleur doit être assuré par une assurance responsabilité professionnelle et une assurance décennale. Et autant dire, que les clauses des assurances sur le choix du matériel électrique sont très limitatives ce qui exclu beaucoup de matériels électriques vendus en grande surface de bricolage. Donc, le gain financier de faire ses travaux risquent d’être faible.
Garantie biennale et décennale de l’installation
Le bricoleur devenu professionnel devra donc garantir son installation conformément à la règlementation en vigueur et vis-à-vis des locataires, de tous occupants ou tous les acheteurs successifs pendant le délai de garantie voire plus en cas de vis caché…Le bricoleur ne pourra pas vis-à-vis des tiers dégager sa responsabilité. Il est professionnel et il doit tout savoir, il a une obligation de RESULTAT.
Le statut de vendeur professionnel
Vis caché ? Vous allez me dire qu’en cas de vente, le bricoleur pourra mettre une clause pour exclure la garantie des vis cachés dans l’acte de vente car il est amateur… Et NON ! L’adepte du bricolage devient vendeur … PROFESSIONNEL et une clause limitative de responsabilité même pour les vis cachés ne sera pas valable. Les tribunaux sont très clairs à ce sujet. A mon avis, il est même possible que le bricoleur se retrouve d’ici quelques années avec toutes les obligations du vendeur professionnel mais les tribunaux ne sont pas encore aller si loin dans leur décision ou tout au moins, la question ne leur à pas été posé.
Et autant dire que pour des dommages matériels, l’addition peut facilement atteindre des sommets en cas de dommages corporels ou mortels.
Que faire si votre responsabilité est engagée car les travaux électriques ont causé un dommage corporel ou matériel et que votre assureur d’habitation refuse la prise en charge des dommages ?
A mon avis, une seule solution : attaquer la grande surface de bricolage ou le vendeur du matériel. Pourquoi ? Contrairement à la position officielle des grandes surfaces de bricolage, en tant que commerçant face à des profanes, ils ont une obligation de conseils et d’information des risques juridiques de réaliser la rénovation de leur installation électrique ou de tout autre travaux de grande importance. Donc, il me semble opportun pour le bricoleur de prendre au moins une très bonne assurance juridique pour limiter les frais d’une telle procédure. Les tribunaux n’ont pas à ma connaissance trancher sur cette question. Mais, à mon avis, il y a de bonnes chances que les grandes surfaces de bricolage puissent avoir leur responsabilité engagée.
Comment faire ses travaux alors?
Le bricoleur a intérêt à contacter son assureur et obtenir une réponse ECRITE sur cette question pour savoir s’il sera ou non couvert. Le bricoleur sera certainement contraint de prendre une assurance spécifique pour réaliser les travaux envisagés.
En cas de vente du bien dans lequel les travaux ont été réalisés, il me semble être judicieux de prévenir l’agence immobilière ou le notaire pour éviter au mieux tout risque de litiges ultérieurs.
Certes, si le risque est minime, quand cela arrive, les dommages sont très importants et peuvent se chiffrer à plusieurs centaines voire millions d’euros. J’invite donc à la plus grande prudence sur ces questions.
Conclusion (de Yann):
Cet article n’a pas pour vocation a développer toute une argumentation juridique ou de donner des conseils juridiques. Il a pour but de sensibiliser sur un aspect méconnu du « do you it self ». C’est pour cette raison que je n’ai pas cité les sources juridiques sur ce sujet. Les personnes intéressées peuvent aller directement consulter des professionnels du droit.
Pour ceux qui veulent aller plus loin :
- http://www.eurojuris.fr/articles/la-notion-de-vendeur-professionnel-en-matiere-de-garantie-des-vices-caches-attention-sujet-sensible-953.htm
- https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000027702077
Ma conclusion (Guillaume):
Je remercie Yann d’être intervenu sur ce sujet qui doit effectivement être pris en compte.
De mon côté, si je pense que cette question est légitime, je trouve dommage qu’on en soit arrivé à une situation sclérosée qui empêche chacun de faire ce dont il à envie.
Enfin, si il est évident qu’il faut s’intéresser au sujet des assurances (parce qu’on ne nous donne pas le choix) il faut avant tout chose penser au travail qui doit être réalisé avec le plus grand soin. Car après tout, si vous travaillez dans les règles de l’art en soignant votre travail, aucun problème ne devrait se poser par la suite.
principe de précaution … un peu poussé je trouve … ne peut on pas faire passer un consuel pour valider simplement la conformité du matériel posé ?
Vous effrayez les gens qui font eux même leur installation.
Le consuel contrôle les installations effectuétés par des non professionnel et
délivre après contrôle un certificat de conformité attestant que l’installation électrique est conforme aux normes c15 100 au même titre qu’un professionnel.
Le seul moyen d’être couvert par les assurances.
Bonjour à tous et bonne Année 2019.
Je suis nouveau sur ce blog que je découvre tout juste et je ne sais pas trop comment ça marche, car il n’y a pas d’inscription avec identifiant ni mot de passe.Suis je au bon endroit ???
Bon je pose ma question à tout hasard: je veux changer un vieux double interrupteur ( ancienne maison ) et je me suis un peu trompé dans mon achat, j’ai pris un double va et vient ( ne rigolé pas ) .Comme je l’ai défait de son blister est ce que je peux quand même le brancher en double interrupteur, une seule ampoule sur chaque point lumineux.
Merci beaucoup à celui qui me répondra et qui m’indiquera la marche à suivre pour le branchement .
Bonjour
Un va et vient peut fonctionner soit en va et vient, soit en interrupteur simple.
Ce qui explique qu’on ne trouve pratiquement plus d’interrupteur simple dans le commerce
Pour un fonctionnement en interrupteur simple, il suffit de n’utiliser que 2 bornes. La borne marquée L ou P et une des 2 autres.
Et cela pour chaque va et vient
Le Consuel se limite à la partie sécurité de la norme NF 15-100. Par ailleurs, le Consuel ne vérifie pas la conformité aux normes non-électrique de l’installation comme la norme handicapée pourtant obligatoire.
Ainsi, une installation conforme au Consuel ne veut pas dire que l’installation soit aux normes. C’est une belle aberration. Et cela explique pourquoi le bâtiment soit si peu qualitatif : les contrôles sont très légers.
Si quelqu’un veut un vrai contrôle, il faudrait faire appel à un bureau spécialisé type Véritas. Ces derniers vont vérifier que l’installation répond à l’intégralité des normes en vigueur. Mais il faut savoir que leurs commentaires n’ont aucune force obligatoire. Ce qui signifie par exemple qu’un commerce peut ouvrir avec un avis négatif de Véritas, car il n’y a aucune obligation de remédier aux défauts constatés. Par contre, en cas d’accident, … c’est une autre histoire…
Concernant le matériel, il suffit d’aller dans les Grandes surfaces de bricolage pour voir qu’une grande partie du matériel est seulement norme CE qui n’est pas un marquage de qualité.
Ensuite, le marquage NF n’est qu’une recommandation mais il n’est pas aussi une norme de qualité.
Bref, le matériel que l’on peut trouvé peut être sécuritaire, de qualité est autre chose… Un peu comme l’automobile où certaines marques sont très fiables, d’autres connues pour leurs pannes et leurs fiabilités aléatoires. Et concernant les normes, il suffit de voir comment les constructeurs automobiles les respectent : certaines en jouant sur les dérogations pour vendre des voitures très polluantes, d’autres en respectant les normes à la lettre voire plus.
En conclusion, dire qu’un produit est aux normes ne veut pas dire grand chose au final… Il faut plutôt se fier à la réputation du fabriquant et à l’expérience des professionnels dans le choix des produits si on cherche du durable et réellement sécuritaire.
Bonjour, dans votre réflexion on ne parle pas du contrôle Consuel qui garantit la bonne exécution de l’installation conforme à la réglementation en vigueur. Quant au matériel, à partir du moment où il est mis en vente, il doit répondre aux critères de sécurité (AFNOR et autres). Une bonne défense en justice devrait défendre nos intérêts en cas de litige. Voilà mon avis mais ce n’est que mon avis.
Bonjour
Je m’interroge sur les sources de la première partie de cet article et particulièrement sur l’affirmation « les tribunaux considèrent que le bricoleur change de statut et devient professionnel »
À ma connaissance (plus de 20 ans d’expérience en fiscalité), quand il s’agit de « do it yourself », quelque soit l’importance et la nature des travaux licites, aucun motif ne justifie la requalification d’un bricoleur (le statut de bricoleur n’existe pas) en statut professionnel. La notion de professionnel est uniquement liée à la notion de revenu.
Le problème des assurances et celui de la responsabilité du vendeur sont sans surprise.
Cordialement
Pour les travaux d’électricité, même si l’on a de bonnes notions, il est préférable de faire appel à un professionnel. Celui-ci effectuera les travaux dans les règles de l’art mais surtout, il garantira ses réalisations.