Rénovation électrique : comment gérer la mise à la terre quand le terrain pose problème ?

Cas pratique – question réelle d’un particulier – sur la mise à la terre avec un terrain qui pose problème

Bonjour,

Nous avions fait avec votre coaching en 2022 l’installation électrique d’une maisonnette qui nous a servi le temps des travaux de notre longère en 2023-2024 (2ème coaching électrique :))
Nous avons été très contents de vos accompagnements et je me permettais de vous recontacter pour une question supplémentaire ainsi qu’une demande de tarif (je suis au début de la rénovation d’une de nos granges en location).

Du fait de la rénovation de cette grange et de l’installation d’un coffret CCPI en limite de propriété, nous sommes obligés de déplacer la terre de notre maison ce qui est une grosse galère étant donné que nous sommes sur un plateau calcaire et qu’il n’y a pas énormément d’endroit avec 1 mètre de terre. Nous voudrions savoir si nous avons le droit de croiser avec la terre le câble de raccordement électrique ENEDIS et le réseau d’eau (cablette cuivre 25mm2 dans gaine ICTA c’est ça ?)

2ème option : est-ce que nous avons le droit de passer cette gaine ICTA avec le fil de cuivre 25mm2 au-dessus de notre porte d’entrée (entre les pierres, dans l’enduit) pour la faire aller dans la terre plus loin pour éviter de croiser les réseaux d’eau et d’élec ?

Résumé rapide pour les pressés

Comment déplacer une prise de terre sur un terrain calcaire ?

Lorsqu’on rénove une maison ancienne avec un sol difficile (calcaire, rocheux), déplacer la prise de terre peut vite devenir un casse-tête. Faut-il croiser les réseaux ? Peut-on passer par la façade ? La norme NF C 15-100 permet plusieurs options si les règles de sécurité sont respectées : gaines séparées, profondeur suffisante, croisement ponctuel. Cet article fait le point sur les solutions possibles, les normes à respecter et les bonnes pratiques à adopter, avec une FAQ technique et un glossaire à la fin.

Pourquoi déplacer une prise de terre peut devenir un casse-tête ?

Lorsqu’on rénove une ancienne bâtisse, en particulier une grange ou une longère, il arrive fréquemment que les besoins en alimentation électrique évoluent : installation d’un coffret en limite de propriété, raccordement ENEDIS, mise en location… Dans ce contexte, il devient nécessaire de repenser l’emplacement de la prise de terre principale.

Le problème ? Certains terrains, notamment en plateau calcaire, ne permettent pas une implantation facile : on manque de profondeur de terre naturelle, et le recours à des piquets classiques devient inefficace. Le déplacement de la terre soulève alors des questions concrètes : par où passer ? Que peut-on croiser ? Peut-on sortir de la logique « sous terre » ?

Peut-on croiser les réseaux d’eau, d’électricité et de terre ?

Selon la norme NF C 15-100 et les prescriptions d’Enedis, il est toléré de croiser les réseaux, à certaines conditions strictes :

• Les réseaux doivent être dans des gaines séparées (par exemple : ICTA pour la terre, TPC pour le réseau d’eau ou l’électricité).
• Le croisement doit être ponctuel, jamais en parallèle sur plusieurs mètres.
• Il faut maintenir une distance de 20 cm minimum entre chaque gaine au point de croisement.
• Une signalisation (type grillage avertisseur) au-dessus des gaines est recommandée.

Astuce pratique : idéalement, chaque réseau (eau, électricité, terre) devrait passer dans une tranchée séparée.
Si ce n’est pas possible et qu’une tranchée unique est réalisée, il convient de :

• Respecter au moins 40 cm d’écart vertical entre les gaines ;
• Positionner le réseau d’eau en dessous de l’électricité, pour des raisons de sécurité et d’humidité.

Concernant la cablette de terre en cuivre nu 25 mm², elle peut parfaitement être gainée en ICTA et croiser un réseau d’eau ou un câble ENEDIS, à condition que la gaine soit continue, enterrée, et non endommagée. Il s’agit d’une pratique validée sur les chantiers complexes.

Peut-on passer la terre au-dessus d’une porte, en façade ?

Cette idée paraît curieuse, mais elle est parfois la seule solution viable en cas de terrain trop rocheux. Techniquement, il est possible de faire passer la cablette de terre en façade, dans une gaine ICTA, à condition de :

• Bien fixer la gaine (avec agrafes, colliers) pour éviter toute usure ou mouvement.
• L’intégrer de façon esthétique dans l’enduit ou entre les pierres.
• Prolonger cette gaine vers une zone où la prise de terre pourra être correctement enterrée (au moins 2 mètres de cuivre en contact avec la terre naturelle).

Rien dans la norme n’interdit le passage à l’air libre, tant que la protection mécanique et l’efficacité finale (valeur de terre) sont assurées.

Comment tester la qualité de la prise de terre ?

L’objectif de toute mise à la terre est d’obtenir une résistance inférieure à 100 ohms, avec une cible recommandée autour de 50 ohms pour garantir un bon déclenchement des différentiels.

Pour cela, vous pouvez :

• Utiliser un telluromètre si vous en avez un (ou si un ami électricien peut vous le prêter).
• Faire appel ponctuellement à un professionnel pour valider la valeur de terre en fin d’installation.
• Améliorer la prise de terre par des solutions alternatives : platine cuivre enterrée à l’horizontale, piquets multiples reliés entre eux, zone verte ou puits si présent.

Erreurs fréquentes

1. Utiliser la même gaine pour plusieurs réseaux (interdit).
2. Croiser des réseaux sans distance minimale.
3. Laisser une cablette de terre nue en surface ou dans un endroit non protégé.
4. Oublier de tester la prise de terre après déplacement.
5. Enterrer la terre dans un sol totalement rocheux sans contact réel avec la terre.

Bonnes pratiques à retenir

• Utiliser des gaines séparées pour chaque réseau croisé.
• Ne jamais poser de réseaux en parallèle sur plusieurs mètres dans une même tranchée.
• Enterrer la terre proprement, même en terrain difficile (au besoin : passer en façade jusqu’à un point plus favorable).
• Tester la résistance de la prise de terre après installation.

Un accompagnement technique pour aller plus loin ?

Cette question illustre parfaitement les situations où nos guides ne suffisent plus. Chaque maison, chaque terrain pose ses propres contraintes. C’est là que le coaching électrique personnalisé prend tout son sens.

Après avoir arrêté ce format pour des raisons de temps, nous avons décidé de relancer l’accompagnement sous plusieurs formules en fonction de vos préférences :

• Suivi par question-réponse par mail sur une durée donnée.
• RDV téléphonique pour traiter une question complexe.
• Accompagnement de A à Z d’un tableau électrique ou d’une installation.
• Vous gardez la main sur votre chantier, tout en bénéficiant d’un appui technique solide à chaque étape.

Conclusion

La rénovation électrique est une aventure faite d’ajustements. Le respect de la norme est essentiel, mais il laisse place à des solutions adaptées si la sécurité est au rendez-vous.

Croisement des réseaux, passage en façade, piquet lointain… tout est envisageable si les principes de base sont respectés.

Posez nous vos questions en commentaires ou par mail, même les plus « bizarres », ou les plus techniques  : en électricité, ce sont souvent elles qui mènent aux meilleures solutions, et aux meilleurs articles. 

FAQ – Questions fréquentes

Peut-on croiser un câble de terre avec un câble ENEDIS ou une canalisation d’eau ?

Oui, à condition que chaque réseau soit dans une gaine séparée (ICTA, TPC…), que le croisement soit ponctuel (non parallèle), et que la distance minimale de 20 cm soit respectée.

La terre peut-elle passer au-dessus d’une porte ?

Oui, si c’est fait proprement et en toute sécurité. La cablette doit être gainée, protégée mécaniquement et bien fixée. Ce type de passage est accepté si le piquet de terre est ensuite bien réalisé.

Quelle profondeur faut-il pour enterrer la terre ?

La gaine ICTA contenant la cablette de terre doit être enterrée à au moins 60 cm de profondeur (ou 50 cm avec grillage avertisseur), sauf si elle passe en façade protégée. Le piquet ou la platine doit avoir un bon contact avec la terre naturelle (au moins 2 m).

Peut-on tester soi-même la qualité de sa prise de terre ?

Oui, avec un telluromètre. Sinon, un professionnel pourra mesurer la résistance (objectif : < 100 ohms, idéalement < 50 ohms).

Que faire si le sol est rocheux ?

Plusieurs solutions :

• Multiplier les piquets reliés en parallèle ;
• Utiliser une platine horizontale en cuivre ;
• Chercher un endroit avec plus de terre (jardin, zone humide, puits…) ;
• Faire passer la terre par la façade jusqu’à une meilleure zone.

Est-il obligatoire de refaire une prise de terre si on change de coffret ?

Oui, dans le cas d’un déplacement du point de livraison ou d’une mise en conformité complète, la prise de terre doit suivre l’installation. Elle doit être reliée à l’installation par un conducteur principal de terre.

Glossaire

• Prise de terre : Connexion de l’installation électrique au sol pour évacuer les courants de défaut et sécuriser les personnes.
• Piquet de terre : Tige métallique (généralement en acier galvanisé ou cuivre) plantée dans le sol pour assurer la mise à la terre.
• Cablette de terre : Conducteur nu ou gainé, généralement en cuivre, assurant la liaison entre la borne principale de terre et le système de mise à la terre.
• Gaine ICTA : Gaine annelée isolante utilisée pour protéger les câbles électriques, y compris les câblettes de terre.
• Telluromètre : Appareil de mesure permettant de vérifier la résistance d’une prise de terre (exprimée en ohms).
• CCPI : Coffret de Comptage Principal Individuel, installé en limite de propriété lors d’un raccordement au réseau public.
• NF C 15-100 : Norme française régissant les installations électriques dans les bâtiments à usage d’habitation.