Comment couper le courant pour une intervention électrique ?

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Résumé pour les pressés

Avant toute intervention électrique, il est impératif de mettre hors tension le circuit ou l’installation complète afin d’écarter tout risque d’électrocution ou de court-circuit.

Trois solutions s’offrent à vous :

  • couper uniquement un circuit grâce au disjoncteur divisionnaire,
  • isoler une zone entière avec l’interrupteur différentiel,
  • ou mettre à l’arrêt l’ensemble de l’installation via le disjoncteur général placé près du compteur.

Dans tous les cas, une vérification de l’absence de tension avec un testeur est indispensable avant d’intervenir. En cas d’incertitude, mieux vaut choisir la coupure générale. La norme NF C 15-100 rappelle d’ailleurs que chaque logement doit disposer d’un dispositif de coupure générale accessible, distinct des protections automatiques destinées aux urgences. Si cela vous intéresse, retrouvez également notre article « Comment remettre le courant électrique » (pratique, après l’avoir coupé, non ?)

 

Photo Pack Travaux

 

Introduction

Couper le courant semble être un geste anodin, mais il conditionne directement votre sécurité. Chaque année, des accidents domestiques graves surviennent parce que les précautions de base n’ont pas été respectées : brûlures, électrisations, voire électrocutions mortelles. La règle est pourtant simple : avant de remplacer une prise, de déplacer un luminaire ou de rénover un tableau, aucune intervention ne doit être effectuée sans mise hors tension préalable.

Les installations électriques modernes offrent aujourd’hui plusieurs moyens de couper l’alimentation. On peut agir sur l’ensemble du logement ou seulement sur la zone concernée, à condition de savoir identifier le bon dispositif. Cet article vous explique pourquoi il est indispensable de couper le courant, comment utiliser les différents équipements de coupure (général, différentiel, divisionnaire ou porte-fusible), quelles précautions prendre avant et après l’opération, et quelles règles normatives encadrent ces gestes.

Nous verrons également un point rarement mentionné dans les articles grand public : la différence entre coupure d’urgence et coupure de maintenance, essentielle pour comprendre la logique de sécurité électrique.

 

Pourquoi couper le courant ?

L’électricité est invisible mais redoutable. Un courant de seulement 30 milliampères peut suffire à provoquer une fibrillation cardiaque. Couper l’alimentation, même pour une opération minime, permet d’éliminer le risque d’électrocution, d’éviter un court-circuit ou une surtension et de travailler en toute sérénité. C’est aussi une précaution essentielle lors d’événements imprévus comme une inondation, une fuite électrique ou une odeur suspecte de brûlé.

La norme NF C 15-100 impose que chaque logement soit équipé de dispositifs de coupure facilement accessibles, afin qu’une mise hors tension soit possible à tout moment. Cette exigence rappelle que la sécurité prime toujours sur la continuité d’alimentation.

 

Les dispositifs de coupure électrique

Le dispositif le plus complet reste le disjoncteur général, encore appelé disjoncteur d’abonné. Situé près du compteur, il permet de couper d’un seul geste l’ensemble de l’installation. Il suffit de positionner le levier sur « 0 » ou « OFF » pour interrompre l’alimentation, puis de vérifier l’absence de tension à l’aide d’une lampe ou d’un testeur. Attention : contrairement à ce que l’on croit parfois, un compteur Linky ne permet pas de couper lui-même l’électricité ; seule l’action sur le disjoncteur d’abonné (souvent calibré à 60 A) assure la coupure.

Lorsque l’on souhaite travailler sur une zone et non sur l’ensemble du logement, l’interrupteur différentiel constitue une alternative pratique. Placé en tête de rangée sur le tableau électrique, reconnaissable à son bouton de test « T », il coupe l’alimentation de plusieurs circuits regroupés sous sa protection. C’est la solution la plus adaptée pour intervenir dans une pièce tout en maintenant en service des équipements essentiels comme le réfrigérateur.

Enfin, pour une intervention très localisée, chaque circuit est protégé par un disjoncteur divisionnaire. Il suffit d’abaisser le levier correspondant pour isoler le circuit concerné, qu’il s’agisse de l’éclairage, des prises ou d’un appareil dédié. Sur les installations plus anciennes, cette fonction est assurée par des porte-fusibles qu’il faut ouvrir pour interrompre l’alimentation.

En parallèle de ces coupures manuelles, rappelons que les dispositifs automatiques jouent un rôle essentiel. En cas de surcharge ou de court-circuit, les disjoncteurs déclenchent d’eux-mêmes. Leur calibre varie selon les circuits, de 10 à 32 A pour un logement, tandis que les différentiels coupent automatiquement dès qu’ils détectent une fuite de courant supérieure à 30 mA, protégeant ainsi directement les personnes.

 

Vérifier l’absence de tension

Couper le courant ne suffit pas. Il faut systématiquement confirmer que l’installation est bien hors tension. La seule méthode fiable est l’usage d’un testeur adapté, idéalement un VAT (Vérificateur d’Absence de Tension) conforme à la norme NF C 18-510. Se fier uniquement à l’abaissement d’un levier est dangereux et source d’accidents. En voici un exemple : 

VAT Fluke Multimètre

 

La consignation : la sécurité ultime pour les pros

Dans le milieu professionnel, couper le courant ne suffit pas toujours : il faut aussi empêcher toute remise en service accidentelle. C’est le rôle de la consignation, définie par la norme NF C 18-510. Elle consiste à séparer l’installation de sa source d’énergie, condamner le disjoncteur avec un cadenas ou une étiquette spécifique, puis vérifier l’absence de tension avec un VAT. Cette procédure évite qu’une autre personne ne réenclenche le courant pendant l’intervention. Même si elle n’est pas exigée pour les particuliers, c’est une bonne pratique à retenir, notamment dans les logements collectifs où plusieurs personnes peuvent accéder au tableau électrique.

 

Un point supplémentaire pour aller plus loin

Très peu d’articles insistent sur une distinction pourtant essentielle dans les règles de sécurité électrique : il existe en réalité deux types de coupures. La coupure de maintenance est celle qui permet de mettre une installation hors tension pour réaliser une intervention en toute sécurité. Elle concerne les disjoncteurs et interrupteurs que nous venons d’évoquer. La coupure d’urgence, en revanche, vise à protéger les personnes en cas de danger immédiat, par exemple un incendie ou une électrisation. Elle doit être accessible rapidement et clairement signalée, souvent sous la forme d’un bouton rouge placé dans un atelier, un garage ou un local technique. Comprendre cette différence permet de mieux appréhender l’organisation de la sécurité dans un logement ou un bâtiment.

 

Erreurs à éviter

Même si couper le courant paraît simple, certaines erreurs sont fréquentes et peuvent être dangereuses :

  1. Ne pas vérifier l’absence de tension : beaucoup de particuliers se contentent d’abaisser un disjoncteur sans tester avec un VAT (Vérificateur d’Absence de Tension). C’est risqué.
  2. Se tromper de disjoncteur : un mauvais repérage du tableau peut laisser un circuit alimenté.
  3. Travailler les mains humides ou pieds nus : le risque d’électrisation est multiplié.
  4. Réarmer trop vite un disjoncteur qui a sauté sans chercher la cause (risque d’incendie).
  5. Négliger l’étiquetage du tableau : en cas d’urgence, cela empêche une coupure rapide et efficace.
  6. Utiliser un multimètre classique au lieu d’un VAT pour vérifier l’absence de tension : le multimètre peut afficher de faux résultats et induire en erreur.

 

Bonnes pratiques

  • Pour travailler en toute sécurité, voici les gestes à adopter :
  • Toujours couper au bon niveau : un circuit, une zone ou l’ensemble de l’installation selon la nature des travaux.
  • Repérer et étiqueter clairement chaque disjoncteur de votre tableau électrique. Cela évite les confusions et facilite les interventions futures.
  • Utiliser un VAT ou un testeur de tension avant chaque intervention.
  • Prévenir les autres occupants du logement que l’électricité est coupée (ou condamner l’accès au tableau si besoin).
  • En cas de doute, couper au général : mieux vaut priver la maison de courant quelques minutes que risquer un accident.
  • Respecter la norme NF C 15-100 : elle impose les dispositifs de protection et la coupure générale facilement accessible.

 

Astuces de pro

  • Conservez toujours une lampe frontale ou torche près du tableau électrique : en cas de coupure générale, vous intervenez dans le noir.
  • Installez un schéma électrique plastifié à l’intérieur de la porte du tableau : indispensable pour retrouver facilement le bon circuit.
  • Équipez votre tableau d’étiquettes claires (pièce + usage : ex. « Salon – Prises »). Si ce n’est pas fait, profitez d’une coupure générale pour identifier vos circuits un par un.
  • Pensez à la coupure d’urgence : dans un atelier, un garage ou un local technique, ajoutez un bouton d’arrêt d’urgence visible et rouge, pour stopper l’électricité immédiatement en cas d’accident.
  • Faites vérifier vos disjoncteurs tous les 10 ans minimum (ou lors d’une rénovation) : un disjoncteur usé peut ne plus déclencher correctement.

 

Tableau récapitulatif des méthodes de coupure

Voici un tableau récapitulatif des méthodes de coupure en fonction des zones concernées, ainsi que les avantages et inconvénients de chaque méthode. 

Tableau récapitulatif des méthodes de coupure

 

Comparatif rapide : coupure partielle vs coupure totale

Alors, mieux vaut-il opter pour une coupure partielle ou une coupure totale ? 

 

Comparatif-rapide-coupure-partielle-vs-coupure-totale

 

Matériel à prévoir

  • Pour couper le courant et travailler en toute sécurité, il est recommandé d’avoir à disposition quelques outils simples mais essentiels. Le plus important est le Vérificateur d’Absence de Tension (VAT) ou, à défaut, un testeur de tension. Attention à ne pas faire n’importe quoi avec votre VAT

VAT Fluke Multimètre

  • Une lampe torche ou une lampe frontale est aussi très utile, car l’intervention se fait souvent dans le noir complet une fois l’alimentation coupée.

Lampe frontale Blukar

  • Pour des interventions plus longues, prévoyez également des gants isolants et un panneau de signalisation ou un simple ruban adhésif indiquant que le courant est coupé, afin d’éviter qu’une autre personne ne réarme le disjoncteur par inadvertance.
  • Enfin, si votre tableau n’est pas correctement étiqueté, munissez-vous d’un carnet et d’étiquettes pour identifier clairement vos circuits au moment de la coupure.

 

coaching-electricite

 

Conclusion

Couper le courant n’est pas un geste technique réservé aux professionnels : c’est une règle de sécurité incontournable que tout occupant d’un logement doit connaître. En fonction des travaux à réaliser, vous pouvez isoler un circuit précis, une zone de l’habitation ou l’ensemble de l’installation. L’essentiel est d’identifier correctement le bon dispositif, de vérifier l’absence de tension et de privilégier la coupure générale en cas de doute. La norme NF C 15-100 encadre ces pratiques et garantit que chaque logement dispose d’une coupure générale accessible. Plus qu’un simple réflexe, la mise hors tension est une assurance-vie, que ce soit pour un bricoleur occasionnel ou pour un professionnel expérimenté.

 

À retenir

  • Aucune intervention sans mise hors tension préalable.
  • Trois niveaux de coupure existent :
    • circuit (disjoncteur divisionnaire),
    • zone (interrupteur différentiel)
    • et installation complète (disjoncteur général).
  • Toujours vérifier l’absence de tension avec un VAT ou un testeur.
  • En cas de doute, choisir la coupure générale : mieux vaut un logement sans courant quelques minutes qu’un accident grave.
  • Ne pas confondre coupure de maintenance et coupure d’urgence : la première sert aux travaux, la seconde sauve des vies en cas de danger immédiat.

 

FAQ

Peut-on couper le courant directement depuis un compteur Linky ?

Non. Le compteur Linky enregistre la consommation et communique avec le gestionnaire de réseau, mais il ne permet pas de couper l’électricité. La coupure se fait uniquement via le disjoncteur d’abonné situé à proximité.

 

Est-ce dangereux de couper le courant soi-même ?

Non, à condition de respecter les règles de base : mains sèches, pas de contact avec les parties métalliques, et vérification systématique de l’absence de tension.

 

Dois-je couper tout le logement pour changer une prise ou une lampe ?

Pas nécessairement. Un disjoncteur divisionnaire suffit, mais si vous avez un doute sur le circuit concerné, la coupure générale reste la solution la plus sûre.

 

Que faire si un disjoncteur saute régulièrement ?

Il ne faut pas se contenter de le réarmer. Cela traduit un problème de surcharge, de court-circuit ou de défaut d’isolement. Un diagnostic par un électricien est indispensable.

 

Un fusible peut-il remplacer un disjoncteur moderne ?

Dans les installations anciennes, oui. Mais un remplacement du tableau est vivement conseillé, car les disjoncteurs offrent une sécurité bien supérieure et répondent aux normes actuelles.

 

Peut-on couper le courant avec un compteur Linky ?

Non, le compteur Linky ne permet pas de couper lui-même l’électricité. La coupure doit se faire via le disjoncteur d’abonné situé à proximité.

 

Est-il obligatoire de couper toute l’installation pour changer une prise ou un luminaire ?

Pas forcément : si votre tableau est bien étiqueté, le disjoncteur divisionnaire du circuit concerné suffit. En revanche, si vous avez le moindre doute, la coupure générale est la solution la plus sûre.

 

Pourquoi un disjoncteur saute-t-il régulièrement ?

Un déclenchement répété indique un défaut (surcharge, court-circuit ou fuite de courant). Réarmer sans chercher la cause est dangereux : un diagnostic professionnel est indispensable.

 

Quelle différence entre coupure de maintenance et coupure d’urgence ?

La coupure de maintenance est utilisée volontairement pour sécuriser une intervention. La coupure d’urgence, elle, est prévue pour protéger immédiatement les personnes en cas de danger (incendie, électrisation).

 

Qu’est-ce que la consignation ?

C’est une procédure de sécurité appliquée par les professionnels : le disjoncteur est non seulement abaissé, mais aussi condamné avec un cadenas ou une signalisation, afin qu’aucune remise sous tension accidentelle ne soit possible.

 

Glossaire

  • Disjoncteur général (ou d’abonné) : appareil situé près du compteur, permettant de couper toute l’installation électrique d’un logement.
  • Disjoncteur divisionnaire : petit disjoncteur placé dans le tableau, protégeant un seul circuit (prises, éclairage, chauffage…).
  • Interrupteur différentiel : dispositif qui protège une zone de l’installation en coupant l’alimentation lorsqu’une fuite de courant supérieure à 30 mA est détectée.
  • NF C 15-100 : norme française qui définit les règles de conception et de sécurité des installations électriques basse tension dans les logements.
  • NF C 18-510 : norme encadrant les interventions sur ou à proximité d’installations électriques, et définissant notamment la procédure de consignation et les habilitations électriques.
  • Vérificateur d’Absence de Tension (VAT) : appareil conforme aux normes permettant de vérifier qu’un circuit est bien hors tension avant toute intervention.
  • Coupure de maintenance : coupure volontaire de l’électricité pour réaliser des travaux en toute sécurité.
  • Coupure d’urgence : coupure immédiate et signalée, destinée à protéger les personnes en cas de danger (incendie, électrisation).
  • Calibre d’un disjoncteur : intensité maximale, exprimée en ampères (A), que le disjoncteur peut supporter avant de couper automatiquement le courant.
  • Consignation : procédure de mise hors tension et de condamnation du dispositif de coupure, empêchant toute remise en service involontaire pendant une intervention.

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