Portrait d’électricienne: Ingrid LEAUTE, électricienne dans le BTP
Pour continuer notre série d’interviews d’électriciennes, c’est au tour d’Ingrid LEAUTE de nous parler de son parcours et de partager avec nous sa vision du métier.
Bonjour, pourriez-vous vous présenter aux lecteurs?
Je m’appelle Ingrid LEAUTE, j’ai 46 ans et je suis originaire de Saint Nazaire. Je travaille chez ECCS depuis douze ans, une entreprise basée en Vendée qui fait de l’électricité notamment dans le domaine du bâtiment, du tertiaire et de la marine. J’ai fait un BEP/CAP d’électrotechnique et à l’origine, je suis électricienne spécialisée dans l’industrie.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être électricienne?
Je ne me destinais pas forcément à ce métier précisément mais j’ai toujours été manuelle et petite, je bricolais avec mon père.
À l’époque de mes études, on dirigeait beaucoup les filles vers les carrières du sanitaire et social mais ce n’était clairement pas pour moi. Je me suis donc dirigée vers l’électrotechnique parce que cela correspondait à mon goût pour tout ce qui est manuel.
Comment se passe votre journée de travail classique?
J’ai des horaires normaux de bureaux, de 8h à 17h30 puisque je travaille exclusivement en atelier.
Ma mission consiste à préparer en amont tout le matériel que mes collègues vont ensuite installer dans les maisons. Il s’agit notamment de préparer les tableaux électriques qui seront posés dans les habitations.
Est-ce vous qui avez choisi de travailler en atelier et de ne plus vous déplacer sur les chantiers?
Oui, c’est tout à fait volontaire. J’ai postulé à cet emploi en atelier parce que cela me convenait. En effet, pour des raisons de santé, je ne suis plus en mesure de travailler sur des chantiers.
Vous travaillez dans un environnement essentiellement masculin. Avez-vous rencontré des
difficultés pour vous intégrer dans ce milieu?
En réalité, aujourd’hui, l’atelier dans lequel je travaille se situe au siège social de notre entreprise donc je suis entourée de plusieurs femmes qui travaillent dans les bureaux (direction, ressources humaines, comptabilité…).
Mais pendant mon BEP, j’étais entourée de garçons : j’étais la seule fille dans une classe de 18 élèves. C’était également le cas lors de mes emplois précédents. Il faut avoir du caractère et savoir taper du poing sur la table de temps en temps pour se faire respecter.
Lorsqu’on est la seule femme dans un groupe, forcément on dénote et cela peut entraîner des remarques, des moqueries. Ce n’est pas nécessairement méchant mais il faut s’y attendre et savoir gérer cela.
Qu’est-ce qui vous déplaît dans votre métier aujourd’hui? Y a-t-il des choses que vous souhaiteriez voir évoluer ? Par rapport au fait que ce soit un métier d’hommes peut-être?
Aujourd’hui, je ne rencontre pas de difficulté particulière car j’ai trouvé ma place. Mais au début de ma carrière, j’ai eu du mal à trouver du travail en tant que femme.
Il y a encore beaucoup de gens dans ce métier et en particulier dans le secteur du bâtiment qui sont attachés à certains stéréotypes tels que «les femmes doivent rester à la maison».
Après mes études, face aux difficultés à trouver un emploi, j’ai fait une remise à niveau grâce à laquelle j’ai pu entrer dans une entreprise en tant que stagiaire. Ensuite, j’y suis restée 10 ans.
Que diriez-vous à une jeune femme qui souhaiterait se tourner vers le métier d’électricienne?
Il faut avoir de la motivation et se battre. Personnellement, je ne conseillerais pas à une jeune de se diriger vers l’électricité dans le bâtiment. Il existe plusieurs secteurs d’activité en électricité (industrie, automatisme, marine …) et il y a également des possibilités d’évolution pour travailler dans un bureau d’études par exemple. Le câblage d’armoires (tableautier) est également un secteur que je trouve intéressant car les taches sont variées (implantation, câblage et essais) et nécessitent de la réflexion.
En tout cas, une femme peut parfaitement exercer son métier d’électricienne, quel que soit le secteur choisi. Le tout est d’être motivé et de se lancer. Il faut tester pour savoir ce qui nous plaît car on n’est pas tous fait pour faire la même chose.
Conclusion:
Merci à Ingrid de l’entreprise ECCS d’avoir accepté de partager son parcours et son expérience sur son métier d’électricienne !