[MAJ 2025] RT 2020 et production d’électricité : réalité ou utopie ?
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Depuis 2022, la réglementation thermique (RT 2020) a été remplacée par la RE 2020 (Réglementation Environnementale). Elle ne se limite plus à l’isolation ou à la consommation d’énergie : elle introduit des critères liés à l’empreinte carbone du bâtiment, au confort d’été, et à la capacité de produire de l’énergie localement.
Ce changement impacte directement notre métier d’électricien, car il faudra désormais intégrer des systèmes de production (comme les panneaux solaires), des stockages (batteries), et du pilotage énergétique intelligent dans les constructions neuves.
Les électriciens vont donc être mis à contribution puisque une partie des futurs logements devront produire leur énergie pour devenir des logements passifs.
Certains devront même produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment. On parle alors de maison positive.
Mais les moyens techniques qui seront mis en jeux dans ces constructions ne sont pour l’instant pas à la portée de tous techniquement. Du côté client, c’est l’aspect financier qui risque de poser problème. Je parlerai d’ailleurs le temps venu de la partie technique.
Ici, je souhaite aborder le thème plus général. En effet, on peut se demander si cette nouvelle réglementation est vraiment adaptée dans le temps et surtout durable à terme?
La filière électricité est-elle formée ?
La première question à se poser vis à vis de la future réglementation thermique 2020, c’est son impact sur la filière électricité.
Effectivement, l’échéance se rapproche à grands pas et je ne vois pas les choses avancer dans le sens de cette nouvelle réglementation.
Les électriciens d’aujourd’hui ne sont pas formés sur les compétences qu’il faudra avoir.
Je parle de manière générale. Je sais que certaines entreprises ont déjà pris les devant, mais elles ne pourront pas répondre à tous les besoins qui vont venir.
Il y a aussi des entreprises spécialisées dans la pose de panneaux solaires par exemple.
Mais pour les artisans indépendants, c’est plus compliqué.
Moi même, je suis déjà trop occupé avec mes activités classiques en rénovation pour penser à aller me former à de nouvelles compétences.
Produire plus d’électricité que consommer, mais pourquoi faire ?
La seconde question porte sur l’énergie produite en supplément. Car la RT 2020 parle aussi de maisons positives qui produisent plus d’énergie qu’elles n’en consomment.
Je comprends bien le principe de maison passive et d’autoconsommation, avec pour objectif de construire des logements qui soient autonomes en électricité.
Mais pourquoi vouloir produire plus d’électricité que nécessaire?
A quoi va servir cette énergie? L’objectif est il d’alimenter des industries polluantes, de recharger des véhicules à batterie destructeurs?
Le bénéfice initial, réaliser une maison positive est louable. Mais la finalité de l’énergie produite en supplément doit poser question.
Il faudrait surement commencer par rénover le parc immobilier entier en utilisant des solutions énergétiques durables avant d’envisager une surproduction d’énergie qui engendrera, sans aucun doute, une surconsommation néfaste au niveau planétaire.
D’autant que la production d’équipements comme les batteries lithium, les panneaux solaires ou les systèmes domotiques a elle-même un coût carbone non négligeable. Une maison ultra-équipée, même positive sur le papier, peut avoir un impact écologique réel plus élevé qu’une maison sobre, bien isolée et bien orientée.
Ce que la RE 2020 change pour les électriciens
- Maîtrise des systèmes d’autoconsommation photovoltaïque (onduleurs, batteries)
- Connaissance des systèmes de pilotage énergétique (domotique, GTL intelligente)
- Savoir raccorder des bornes IRVE (recharge voiture électrique)
- Intégration de l’éclairage basse consommation piloté
- Conformité avec les exigences de ventilation et confort d’été
- Interaction avec les BACS (Building Automation Control Systems)
Ce qui change en 2025
1. Seuils carbone renforcés
À partir du 1er janvier 2025, la RE 2020 impose des seuils carbone plus stricts :
- Maisons individuelles : IC Construction passe de 640 → 530 kg CO₂/m²
- Logements collectifs : 740 → 650 kg CO₂/m²
Ces réductions (≈15 %) visent à accélérer la décarbonation .
2. Renforcement de la performance énergétique
- Isolation, étanchéité et recours aux énergies renouvelables sont renforcés
- Indicateurs comme le Bbio, Cep et Cep,nr seront plus contraignants
3. Confort d’été et résilience climatique
Les exigences de confort en période de chaleur sont maintenues : seuils limitant l’inconfort (Degrés‑Heures)
Favoriser la ventilation passive, les protections solaires, et le confort sans climatisation .
4. Extension du périmètre d’application
RE 2020 s’étend dès 2025 aux bâtiments tertiaires comme hôtels, commerces, restaurants, EHPAD, etc.
5. Trajectoire future
Prochaines étapes de renforcement prévues en 2028 et 2031 (planchers carbone encore plus bas)
Ce que ça implique pour vous
En résumé
En 2025, la France renforce les objectifs de la RE 2020 :
- Baisse d’environ 15 % des émissions carbone à la construction,
- Isolation et performance énergétique plus exigeantes,
- Confort d’été garanti sans climatisation,
- Extension de la réglementation à d’autres types de bâtiments.
- Si vous êtes concerné (nouvel habitat, rénovation lourde, ou construction tertiaire), il est essentiel :
- De vous informer sur les nouveaux seuils applicables dès 2025,
- De travailler avec des experts (architectes, thermiciens) équipés des outils RE 2020,
- D’anticiper dès maintenant l’emploi de matériaux bas carbone et d’énergie renouvelable pour garantir conformité, éligibilité aux aides et longévité du projet.
Conclusion
Vous allez peut être penser dans cette article que je suis en voie de décroissance et que je ne veux pas de progrès.
Ce n’est pas totalement faux, ni totalement vrai!
En réalité, je pense que le progrès n’a rien à voir avec la croissance. Il faut plutôt revoir nos modes de consommation et surtout de production d’énergie.
Produire plus, ce n’est pas nécessaire. Ce qu’il faut, c’est produire assez et surtout dans une optique durable.
En effet, tous les moyens qu’on nous propose aujourd’hui pour répondre à la future réglementation thermique 2020 ne sont pas réellement durables dans le temps.
En tant qu’artisan, je crois que nous avons un rôle à jouer dans cette transition énergétique, mais elle ne doit pas nous être imposée sans les moyens, les formations, ni la réflexion éthique nécessaire.
La RE 2020 pourrait devenir un formidable levier pour revoir nos pratiques et reconstruire un avenir plus sobre, mais cela demande d’impliquer toute la filière, pas seulement les promoteurs ou les grandes structures.
Le progrès véritable, c’est celui qui nous permet de faire mieux avec moins.
À retenir
- La RE 2020 pousse vers des bâtiments à énergie positive (BEPOS), mais cela soulève des défis humains, techniques et écologiques.
- La filière électricité doit s’adapter rapidement pour répondre aux besoins en autoconsommation, stockage, et supervision énergétique.
- Produire plus d’énergie ne doit pas être une fin en soi : mieux consommer et rénover l’existant sont tout aussi prioritaires.
FAQ – Questions fréquentes sur la RE 2020 et le rôle des électriciens
La RE 2020 est-elle déjà en vigueur ?
Oui. La Réglementation Environnementale 2020 s’applique à toutes les constructions neuves depuis le 1er janvier 2022 pour les maisons individuelles, et depuis 2023 pour les bâtiments tertiaires.
Quelle est la différence entre la RT 2012 et la RE 2020 ?
La RT 2012 se concentrait uniquement sur la performance énergétique (isolation, consommation). La RE 2020 ajoute des critères de bilan carbone, confort d’été et production d’énergie locale.
Un électricien doit-il se former à la pose de panneaux solaires ?
Ce n’est pas obligatoire, mais fortement conseillé. Les électriciens RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) sont les seuls habilités à faire des installations ouvrant droit aux aides de l’État (comme MaPrimeRénov’).
Peut-on rénover un logement pour le rendre conforme à la RE 2020 ?
Non. La RE 2020 concerne uniquement les constructions neuves. En rénovation, d’autres dispositifs comme MaPrimeRénov’, le DPE, ou la rénovation globale BBC s’appliquent.
Est-ce rentable de produire plus que ce qu’on consomme ?
Pas toujours. Cela dépend du tarif de revente du surplus, des aides obtenues, et des coûts d’entretien. L’autoconsommation optimisée avec stockage est souvent plus judicieuse que la surproduction systématique.
Glossaire – RE 2020, autoconsommation et énergie
- RE 2020 : Réglementation Environnementale 2020, norme de construction imposant des bâtiments sobres, à faible empreinte carbone et capables de produire de l’énergie.
- Maison passive : Logement dont les besoins énergétiques sont très faibles (chauffage < 15 kWh/m²/an) grâce à une excellente isolation, étanchéité et conception bioclimatique.
- Maison positive : Logement qui produit plus d’énergie (souvent via le solaire) qu’il n’en consomme sur l’année.
- Autoconsommation : Fait de consommer sur place l’électricité que l’on produit, sans la réinjecter dans le réseau.
- RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) : Label délivré aux artisans qualifiés pour les travaux d’amélioration énergétique ouvrant droit aux aides publiques.
- IRVE : Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique. Leur installation est souvent demandée dans les nouvelles constructions.
- Bilan carbone : Calcul des émissions de CO₂ liées à un produit ou un bâtiment tout au long de sa vie (construction, usage, fin de vie).
- Éco-compteur : Appareil permettant de suivre les consommations d’énergie dans un bâtiment pour mieux les piloter.
- Stockage stationnaire : Batterie domestique permettant de conserver l’électricité solaire produite en journée pour la consommer plus tard.
- Optimiseur solaire : Dispositif qui maximise la production d’un panneau solaire, même en cas d’ombrage ou de défaut.
Sources
Lamotte : https://www.lamotte.fr/actualites/re2020-seuils-2025/
Landes Habitat : https://www.landeshabitat.com/les-evolutions-de-la-re2020-en-2025/
Fédération Française du Bâtiment : https://www.ffbatiment.fr/actualites-batiment/actualite/nouveaux-seuils-1er-janvier-2025-pour-batiments-soumis-re-2020?

bonjour.
le probleme est plus les methodes locale sur nos maison qui peuvent etre envisagé pour produire. ni l’héolien ni le solaire ne sont très viable a grosse quantité.
attention a croire que les batterie sont destructice … y’a beaucoup de recherche de faite dessus, vous devriez aller voir les actus 🙂
enfin, vouloir supprimer le pétrole est une chose louable et souhaitable, mais en imaginant un rendement a 100% si on devait demain remplacer l’equivalent énergétique de ce dernier par de l’electricité, il faudrait multiplier par 3 la production electrique en france. ajoutons le rendement … et on se rends compte que meme si on arrive a réduire la facture énergétique des logement d’un coté, ca sera loin de suffire.
les estimations les plus optimiste tables sur 50%.
voila une piste de reflexion pour comprendre / expliquer pourquoi il y a une volontés à creer des maison capable de produire plus qu’elle ne consomment.
en plus il y a des bénéfice en résilience du réseau en cas de catastrophe, par exemple.
Bonsoir,
D’accord en partie avec vous. Je crois aussi qu’il faut revoir nos modes de consommation. Effectivement, produire de l’énergie avec des matériaux non pérennes et tout aussi polluants que le pétrole n’a pas de sens!
Consommer moins, utiliser des solutions moins gourmandes en énergie et consommer l’énergie localement sont des premiers pas vers le bon sens, et ce, avant d’envisager une autonomie des habitations.
Bonjour,
oui étant aussi électricien, je pense qu’il va falloir revoir son mode de consommation avant tout, pas forcément en décroissance comme vous dîtes justement mais en réfléchissant au gaspillage. Et puis ne plus être complice des industries polluantes en se tournant vers des technologies résilientes et plus naturelles.
Bonjour,
La consommation énergétique est un sujet qui anime le monde depuis des années lumière. Il existe de nombreuses méthodes pour optimiser les consommations d’énergies aussi bien en industrie grâce au refroidissement armoires électriques que dans les domiciles grâce à une bonne isolation murale et de la toiture.
Produire plus d’énergie ne serait donc pas nécessaires mais plutôt optimiser sa consommation.
Cordialement
Raquette
Bonjour, je lis avec beaucoup d’intérêt vos articles, et celui-ci pose de bonnes questions quant à la surproduction. Déjà, en effet, nos modes de vie sont surconsommatrice en énergie et il faudrait (au delà d’encourager des comportements avec plus de « sobriété énergétique ») repenser les villes pour réduire la dépendance sur le véhicule particulier.
Ce qui m’amène à réagir à votre remarque sur les « véhicules à batteries destructeurs »… Oui, le bilan n’est pas neutre, mais il reste beaucoup d’idées reçues, et il suffit de s’appuyer sur les études *récentes* (ADEME et autres) pour constater les améliorations des 10 dernières années et les améliorations à venir. On est de l’ordre de 3 à 5 mieux (en empreinte écologique) à ce jour sur la durée de vie du véhicule, la batterie peut ensuite tamponner la production des EnR après sa vie utile, avant d’être recyclée. Le pétrole ne pourra jamais être recyclé une fois brûlée, et son extraction et transport sont non seulement polluants et énergivores mais provoquent également de temps en temps des marées noires et quelques guerres. N’oublions pas les batteries des smartphones et autres appareils ni les métaux des démarreurs des voitures et les pots catalytiques, ni la quantité des pièces usées d’un véhicule thermique au cours de sa vie. Je souligne, oui, il y a des inconvenients mais il faut comparer avec les alternatives, et idéalement on n’aura pas besoin d’un véhicule personnel un jour.
Et donc, revenons à la surproduction. La France traine un peu en matière de V2X (Vehicle-To-Grid, Vehicle-To-Home, Vehicle-To-Vehicle), où la batterie sert de tampon pour la production (quand il y a du soleil, du vent…) et peut renvoyer au réseau ou chez le propriétaire plus tard quand il y en a besoin. Oui, il y a un peu de perte en entrée et sortie, non, ça n’abîme pas la batterie ; contrairement à ce qu’on pourrait penser, ça maintient le niveau de charge entre 20%-80% (paramétrable) et a tendance à augmenter la durée de vie car ça diminue les phénomènes chimiques et la puissance est moins élevée qu’en mode « traction ». Ainsi, avec la surproduction à domicile, on peut réduire notre dépendance sur la production d’énergie centralisée où malheureusement il faut équilibrer la production volatile des EnR avec une énergie « pilotable » (fossile ou nucléaire).
Merci encore pour vos articles, mes remarques sont bien intentionnées, même si c’est un sujet qui invite souvent à des polémiques.
Liens :
* https://blog.acoze.org/lacoze-en-visite-euro-dieuze-industrie-recyclage-des-batteries/
* https://twitter.com/le_trappiste/status/1220343610077523969
* https://twitter.com/FullyChargedDan/status/1265541156236079107 (désolé, en anglais)
Bonjour,
Merci pour votre retour argumenté et intéressant.
Cordialement